Crises après crises, le secteur de l’industrie aéronautique est bien mis à mal depuis quelques mois, alors que tout semblait pourtant lui sourire avec la forte reprise du transport aérien et l’augmentation des budgets de défense consécutifs aux dernières tensions géopolitiques.
L’Hexagone est hélas particulièrement impacté, alors que les livraisons d’avions commerciaux d’Airbus stagnent en comparaison à l’année dernière et alors que la grande majorité des revenus sont évidemment perçues lors de la cession des appareils à leurs clients. Les équipementiers, les sous-traitants, le tissu de petits fournisseurs, sont en cascade encore plus frappés, alors qu’en même temps ils s’étaient préparés à la forte augmentation des cadences nécessaires au renouvellement des flottes et à leur croissance.
Ils s’étaient même aussi beaucoup diversifiés pour limiter les risques, en montant davantage à bord des programmes de Boeing, ou de bien d’autres OEM. Mais voilà, les cadences ont aussi été très largement revues à la baisse, avec les conséquences financières que l’on connaît.
Le programme LEAD! qui est en train de se mettre en place chez l’avionneur européen pour réduire ses coûts et optimiser sa production, en se concentrant sur son coeur de métier, fait véritablement signal d’alarme quant à ses réelles difficultés à respecter ses objectifs de montée en cadence. À l’autre bout de la chaîne, la récente étude de la Banque de France révélée par le site Internet de l’Usine Nouvelle qui confirme les difficultés financières rencontrées par une quarantaine de grands sous-traitants, avec des risques de défaillance, est logiquement un autre sujet particulièrement préoccupant.
Et à cela s’ajoutent hélas toujours les difficultés de recrutements pour certains métiers, la chasse aux talents récemment formés entre acteurs de la filière, et bien sûr l’impératif de transformation de toute une filière industrielle face aux enjeux de l’IA, face aux impératifs de décarbonation…
On l’aura compris, si cette année 2024 devait être marquée par l’excellence opérationnelle après plus de deux ans de déboires au niveau de la supply-chain, elle se transforme peu à peu en une remise en question de la résilience de l’un des principaux secteurs industriels, et hautement stratégique, français. Il faut véritablement prendre le taureau par les cornes maintenant ou viendra bientôt s’installer le doute, puis une véritable baisse d’attractivité…