Alors que Florence Parly bouclait ses bagages à l’Hexagone-Balard, la Cour des comptes présentait un rapport d’étape sur l’exécution budgétaire des trois premières années de la loi de programmation militaire 2019-2025 (LPM) qui prévoit, on le rappelle, une augmentation progressive du Budget des armées à 50 milliards d’euros, soit 2% du PIB. Son président, Pierre Moscovici, s’est même plutôt montré satisfait, qualifiant le bilan de « positif » et alors que « la LPM a su éviter beaucoup de travers autrefois dénoncés par la Cour ».
En fait, selon les Sages de la rue Cambon, c’est même la première fois depuis deux décennies que l’exécution budgétaire du ministère des Armées est conforme à la programmation.
Évidemment, le Premier président de la Cour des comptes a voulu relever quelques points d’attention et d’amélioration, que ce soit au niveau des coûts de production des armements, des surcoûts engendrés par le remplacement des Rafale prélevés dans la flotte française pour être revendus à l’export, ou encore sur la lente restauration de la disponibilité opérationnelle des matériels, sur les nombreux déploiements qui se font au détriment de l’entraînement effectif…
Mais comme toujours, ce qui compte c’est l’avenir, et les contextes économique et géopolitique actuels rendent évidemment les choses un peu plus compliquées. Pierre Moscovici rappelle qu’avec la pandémie et la crise en Ukraine, les finances publiques se sont considérablement dégradées en deux ans et que cela engendrera « des arbitrages importants », une équation évidemment complexe au regard des autres choix stratégiques du gouvernement comme celui de la transition écologique ou celui rapidement déployé en soutien du pouvoir d’achat des ménages.
Selon la Cour des comptes, l’actuelle LPM devra très certainement être révisée pour permettre de remonter à un déficit public de 3% du PIB en 2027, avec une augmentation du budget de la défense qui pourrait tout simplement être remise en cause. Elle annonce d’ailleurs trois scénarii possibles : poursuivre la croissance de l’effort budgétaire, adapter les moyens de façon homothétique en fonction du budget ou choisir de sabrer une capacité majeure, à l’image de la suppression de la dissuasion nucléaire aéroportée au Royaume-Uni. En toute logique, le retour de la guerre en Europe avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie ne devrait pas peser à court terme la trajectoire de la LPM compte tenu des enjeux et des politiques menées par nos voisins et alliés.
Reste maintenant à savoir si le nouveau gouvernement d’Élisabeth Borne n’infléchira pas les ambitions de la France pour sa défense à plus long terme, c’est-à-dire celle de pouvoir disposer d’une armée apte à répondre à tous les types de menaces, même les plus exigeantes, à horizon 2030. On s’en souvient, les économies budgétaires menées après la fin de la guerre froide ont été cruelles.
