Jean-Claude Maillard avait clairement exposé ses ambitions le 10 juillet : « je veux mondialiser la production de Figeac Aéro. » Et d’ajouter « il y aura d’autres implantations dans le monde dont une nouvelle implantation, avec un autre industriel, sera annoncée à Farnborough. » C’est désormais chose faite : le sous-traitant français a signé un protocole d’accord avec le producteur de titane russe VSPMO-AVISMA le 15 juillet, concernant l’usinage de composants en titane et la production de sous-ensembles finis et assemblés.
Ce partenariat à long terme sera localisé dans la « Vallée du titane », une zone économique spéciale au pied de l’Oural, près d’Ekaterinbourg, qui devrait entrer en activité en 2015. Actuellement en construction, la « vallée du titane » proposera des réductions voire des exonérations de taxes (douane, TVA, taxe foncière…) et une réduction du temps nécessaire aux formalités. Elle doit couvrir une surface de 580 hectares (aménagée en deux phases, la première entrant en service en 2015, la seconde en 2017). Le but est de promouvoir une filière titane et d’attirer des usines de différentes industries et nationalités.
Premier principe : se rapprocher de ses clients
Figeac Aéro a déjà goûté les bénéfices de la décision de se rapprocher de ses clients. Ainsi, le sous-traitant a commencé par ouvrir une usine à Méaulte, près d’Aerolia, pour supprimer tous les problèmes logistiques qui se posent pour organiser la livraison de grands sous-ensembles entre Figeac et la Picardie (transports exceptionnels, autorisations préfectorales…). « Cette installation nous a permis de prendre des parts de marché que nous n’aurions jamais pu prendre si nous n’avions pas été installés près de notre client », explique le directeur général de Figeac Aéro.
Cette stratégie s’est récemment poursuivie à Saint-Nazaire, où Figeac vient d’ouvrir une usine de production pour les planchers d’A350, près de son client américain Spirit Aerospace.
Second principe : produire aussi hors de France
Mais décrocher de nouveaux contrats en se rapprochant de ses clients en Europe ne suffit pas. « Comment peut-on être serein en vendant 80% du chiffre d’affaires en dollars et en produisant 80% en zone euro ? », s’interroge Jean-Claude Maillard. Ne pouvant se permettre de parier sur une évolution favorable du taux euro-dollar, le directeur général de Figeac Aéro a donc choisi de mondialiser la production en la déplaçant en zone dollar et en zone low-cost.
Suivant Aerolia, le sous-traitant a déjà ouvert une usine en Tunisie. Employant 250 personnes, elle devrait réaliser une centaine de millions d’euros de chiffre d’affaires dans les années qui viennent.
Plus récemment encore, Figeac Aéro a racheté le site de Sonaca à Wichita (en mai), spécialisé dans le traitement de surface et la production de sous-ensembles. Alors que l’industriel envisageait initialement de rentabiliser son investissement au bout de trois, il pense désormais que la filiale sera bénéficiaire dès la première année. Elle va donc être développée : la surface de l’usine va doubler et accueillir une troisième spécialisation dès septembre, l’usinage de pièces métalliques.
Cet investissement à Wichita participe également de la stratégie de Figeac Aéro de se rapprocher de ses clients et réduire les coûts logistiques qui rognent ses marges. Le marché de l’Amérique étant le plus important au monde et devant le rester pour les décennies à venir, Jean-Claude Maillard compte y poursuivre son développement, aux Etats-Unis mais pas seulement. Il envisage en effet d’installer une usine au Mexique, « zone low-cost » similaire à la Tunisie, et hésite seulement entre le pôle de Querétaro ou la région de Sonora. Une décision sera prise dans les mois qui viennent.
L’implantation en Russie s’inscrit donc parfaitement dans la vision du sous-traitant français qui estime que « pour réussir dans l’aéronautique, il faut vendre à travers le monde mais aussi produire à travers le monde. »