L’augmentation générale des rémunérations de 6 % réclamée par une très grande partie des syndicats d’Air France et qui semble désormais mener vers un conflit dur est édifiante, tant elle semble complètement en décalage avec ce qui se dessine aujourd’hui pour le transport aérien mondial.
Le modèle low-cost, à ses débuts tant décrié par les « majors », est aujourd’hui devenu l’un des grands moteurs de la croissance du transport aérien. Pire, le low-cost long-courrier n’est plus seulement une expérimentation régionale, venant maintenant sérieusement prendre des parts de marché aux compagnies traditionnelles sur l’Atlantique Nord au départ de l’Europe, après s’être développé en Asie il y a quelques années.
Certes, les mauvais résultats publiés par Norwegian la semaine dernière montrent à quel point ce nouveau modèle est complexe, car plus fortement lié aux évolutions du prix du carburant et aux coûts liés aux investissements importants dans des appareils long-courriers modernes.
Mais le modèle marche, en témoignent d’ailleurs les bons résultats publiés par les compagnies Scoot et AirAsia X. Les deux concurrentes asiatiques sont rentables et ne cessent d’afficher une hausse des taux d’utilisation de leur flotte. Elles ont d’ailleurs vite compris que leur succès était intimement lié au développement des synergies avec leurs soeurs présentes sur le moyen-courrier (Tigerair a fusionné avec Scoot l’été dernier), ce que reproduira aussi par exemple Level avec sa partenaire Vueling à Orly l’été prochain.
Les compagnies low-cost long-courriers, encore très peu présentes en Europe, vont progressivement augmenter leur part de marché dans les prochains mois, dans les prochaines années… Elles seront d’ailleurs épaulées par l’arrivée de nouveaux appareils affichant des coûts d’acquisition et d’utilisation encore jamais atteints pour effectuer de telles missions.
Elles pourront de fait alors vraiment s’attaquer à l’un des segments les plus rémunérateurs des compagnies traditionnelles (hors passagers à haute contribution), ce qui pour une compagnie comme Air France représente les deux tiers de son chiffre d’affaires aujourd’hui.
Mais ça, les syndicats d’Air France ne l’ont pas vu dans les derniers résultats de leur compagnie…

