Alors que le début des grandes vacances approche, l’actualité aéronautique connaît une accélération certaine depuis quelques semaines. Il faut dire que l’été s’annonce de son côté plutôt calme, à quelques exceptions près. L’année a été difficile pour beaucoup et ses prochaines semaines seront incontestablement une vraie libération face à des mois d’informations anxiogènes. Mais à ces dernières grosses annonces viennent aussi s’ajouter depuis quelque temps une multitude de désinformations, parfois même publiées par des grands médias aéronautiques, un phénomène difficilement conciliable avec les attentes d’un secteur forcement exigeant.
Conjectures peu crédibles sur les commandes de la compagnie United Airlines dans le cadre de sa stratégie United Next, vente de Rafale en Indonésie, résultats un peu trop prématurés de l’appel d’offres Air2030 en Suisse, certification du eVTOL de Volocopter… les exemples ne manquent pas. La gestion éditoriale du contrat suisse, qui sera peut-être dévoilé demain, et qui attribuera une importante commande d’avions de combat à Dassault, à Airbus, à Boeing ou à Lockheed Martin, était particulièrement lourde de sens ces derniers jours, alors qu’aucun industriel concerné n’était lui-même au courant d’une quelconque décision du Conseil fédéral. La preuve en est donnée encore ces tout derniers jours par Airbus avec cette proposition de dernière minute pour venir assembler son chasseur en Suisse pour répondre aux exigences des compensations.
L’explication la plus logique pour expliquer la multiplication de ces fausses informations, ou de ces informations trop partielles, tient sans doute à une simple course à l’audience dans le cadre d’une concurrence exacerbée entre médias, à laquelle s’ajoutent évidemment les réseaux sociaux et en particulier ceux des industriels. C’est une tendance connue qui reflète un manque de moyens et de temps pour rédiger des articles de qualité, associé à la tentation des algorithmes.
L’autre explication possible est plus cruelle, car elle ne peut qu’engager les connaissances et les compétences des journalistes, signe d’un mal beaucoup plus profond qui semble se multiplier dans de nombreux autres secteurs. Le traitement par la presse du lancement d’une économie de l’hydrogène pour venir remplacer les carburants fossiles, sans mentionner la nécessaire création de nouvelles centrales nucléaires avec, en est un reflet particulièrement frappant.
Et il en sera très certainement de même cet été avec la très attendue commande d’Air France-KLM pour remplacer une nouvelle partie de ses flottes de monocouloirs, comme pour la menace des variants du coronavirus sur le transport aérien après l’été…
La désinformation se révèle finalement être un vrai défi pour la presse, même spécialisée. Mais c’est finalement les lecteurs qui feront assurément les bons choix.

