Tous les développements technologiques sont observés avec la plus grande attention par Airbus et Boeing. Sans leur réussite, c’est en effet le projet de monocouloirs de nouvelle génération qui tombe à l’eau. Selon le constructeur américain, ils ne seront en effet développés que si de grandes innovations technologiques interviennent et justifient leur conception. Une vision qui va dans le même sens que celle qui prévaut en Europe : selon Louis Gallois, l’A320 de nouvelle génération devra être un « avion de rupture ».
Le développement de cet appareil n’est pas du tout urgent pour les constructeurs, dont les A320 et B737 se vendent comme des petits pains. Il demandera en revanche un énorme travail de développement car ses performances devront être améliorées d’au moins 15% par rapport à la génération actuelle de monocouloirs. Les modifications devront donc aller au-delà des modifications conventionnelles.
Le monocouloir de nouvelle génération devra tout d’abord être plus léger. Il pourrait donc faire un usage soutenu de matériaux composites, à l’image du B787. Pour savoir dans quelle direction orienter la recherche et le développement, Airbus et Boeing surveillent également de très près les programmes des motoristes. L’adoption d’un réacteur de type du geared turbofan développé par Pratt & Whitney nécessiterait par exemple de rehausser les ailes, celle du propfan de revoir entièrement le design de l’arrière du fuselage et de la queue.
Aucune date précise de développement n’a encore été annoncée, les deux constructeurs s’observant l’un l’autre. Alors qu’Airbus estimait un éventuel lancement de programme à la fin de l’année 2009, Boeing a fini par tirer le premier le 6 décembre. Scott Carson, président de la division aviation commerciale du constructeur américain, a révélé dans une interview accordée au quotidien Le Monde qu’il allait se décider d’ici dix-huit mois sur la succession du B737. L’ampleur de l’évolution dépendra de la demande des compagnies : une évolution classique aboutira à un monocouloir en composites, peut-être dès le milieu de la prochaine décennie. Mais si Boeing veut sortir l’avion de rupture dont a parlé Louis Gallois, les compagnies vont devoir s’armer de davantage de patience.