Il y a tout juste 1000 jours, la Russie envahissait l’Ukraine sous la consternation générale, marquant le démarrage d’un conflit de très haute intensité en Europe. Le Vieux Continent n’a hélas pas pu faire grand-chose, à part prononcer de nombreux discours va-t-en-guerre suivis des promesses non tenues à l’Ukraine, ne disposant plus de moyens suffisants pour assurer sa propre défense après des décennies de sous-investissement.
Ces 1000 jours ont surtout montré au monde entier à qu’elle point la défense européenne était une chimère sans la volonté et les moyens militaires des États-Unis, une réalité dure à entendre pour certains, mais une réalité qui devrait logiquement se renforcer davantage au cours des prochaines décennies.
Car si le rêve d’une défense européenne continue toujours de faire son petit chemin, en France tout particulièrement, et si la récente élection de Donald Trump à la Maison Blanche est déjà interprétée comme un potentiel désengagement américain dans la défense du continent pour de nombreux « spécialistes », le choix d’une majorité des pays membres de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) devrait au contraire plutôt venir basculer vers une participation encore plus importante des États-Unis dans les toutes prochaines années. Et avec Donald Trump, il faudra assurément qu’ils mettent encore bien davantage la main au portefeuille pour pouvoir rester sous la protection du parapluie nucléaire américain.
Ces 1000 jours d’impuissance de l’Europe seront bientôt suivis, on l’espère, par une véritable remise en question des moyens alloués à la défense du continent, avec des budgets toujours très inférieurs à ceux consacrés durant la guerre froide, et même si une grande partie continuera logiquement à nourrir les industriels outre-Atlantique. Le rêve d’une Europe de la défense sera très certainement définitivement remplacé par bien plus de pragmatisme, la majorité des pays de l’UE, et de l’OTAN, ayant déjà compris que le continent n’en resterait qu’à une puissance économique, ne pouvant s’extraire de son statut de « nain politique » face à l’émergence des nouvelles grandes puissances du globe.
Quant au rôle de la France, le retour au réalisme pratiqué durant toute la période de la guerre froide, indéfectible allié des États-Unis tout en menant une vraie politique souveraine et indépendante sur les plans diplomatique et industriel, sera sans doute la meilleure marche à suivre si elle y met véritablement les moyens, et si elle abandonne ses désirs vains d’une construction de l’Europe de la défense. Beaucoup diront que cela nous avait même particulièrement réussi…