Les plus à blâmer dans l’affaire des contrefaçons chinoises qui inondent le marché de Défense américain seraient les industriels. C’est ce qu’affirment deux experts du centre Advanced life cycle engineering de l’Université du Maryland, Michael Pecht et Len Zuga, dans un article publié sur AOL Defense le 1er juin dernier.
Dans le rapport du Comité des forces armées du Sénat publié en novembre 2011, le sénateur John McCain déclarait que la Chine était en mesure de stopper l’afflux de pièces de contrefaçons chinoises. Les experts de l’Université du Maryland, qui ont déjà été sollicités pour enquêter sur les contrefaçons, réfutent partiellement cet état de fait et argument en mettant en cause le laxisme des industriels américains, qui ne se préoccupent pas assez efficacement de la provenance des pièces.
De plus, les pressions grandissantes des coûts et des délais, la dégradation de la gestion des chaînes d’approvisionnement et le contrôle plus ou moins efficace des fournisseurs, tous ces éléments façonnent un environnement propice à la prolifération des pièces de contrefaçon.
Pour appuyer leur propos, les deux experts présentent l’exemple de Raytheon, qui avait acheté 1500 pièces d’Intel pour équiper des F-16 à un courtier, au lieu de passer par le producteur initial, ou un revendeur autorisé. 28 systèmes ont été installés, mais un dysfonctionnement avait obligé Raytheon à identifier la cause du problème et à se pencher sur la question des contrefaçons. Il s’est avéré ensuite que le courtier avait donné des instructions précises à ses fournisseurs chinois, sur la manière de contrefaire ces pièces, comment les étiqueter et comment les envoyer aux États-Unis.
La conclusion de l’article préconise d’établir une base de données des fournisseurs, ce qui permettrait d’avoir une vision plus exhaustive du problème ; mais les deux experts mettent également l’accent sur la responsabilité des industriels dans la vérification des sources d’approvisionnement.