Les difficultés rencontrées par Airbus sur la supply-chain de ses avions commerciaux s’amenuisent progressivement, même si quelques points durs demeurent encore sur le chemin des montées en cadence.
Christian Scherer, le CEO d’Airbus Commercial Aircraft concède que certains goulots d’étranglement ont freiné les livraisons d’appareils depuis le début de l’année, mais que l’objectif des 820 avions livrés cette année n’était pas remis en question. Christian Scherer s’exprimait à Toulouse la semaine dernière au cours d’une conférence en amont du Salon du Bourget. « Nous sommes un peu en retard pour le moment, légèrement en deçà des ambitions annoncées » a-t-il concédé. « Nous n’avons pas modifié nos prévisions. Je vous mets en garde contre toute extrapolation excessive à partir des chiffres mensuels » a-t-il cependant précisé. Airbus prévoit donc toujours de livrer 820 avions commerciaux cette année, même si seulement 243 appareils ont rejoint les flottes de leurs opérateurs au cours de cinq premiers mois de l’année.
Christian Scherer a également cité deux points durs qui ont particulièrement impacté les livraisons depuis le début de l’année : les moteurs LEAP-1A de CFM International pour la famille A320neo et les équipements de cabine pour les gros-porteurs (A330neo et A350), en particulier les toilettes. Il explique cependant que la situation au niveau des moteurs de la coentreprise de Safran Aircraft Engines et GE Aerospace est quelque peu différente de celle rencontrée l’année dernière. Elle résulte de la combinaison d’une rupture d’approvisionnement en aubes de turbines chez GE Aerospace suivi plus récemment d’une grève au centre de production de Villaroche chez Safran. Pour les toilettes, qui concernent davantage les gros-porteurs, c’est le centre de Safran Cabin de Chihuahua (Mexique) qui est surtout pointé du doigt par Airbus.
Le CEO d’Airbus Commercial Aircraft également indiqué qu’une quarantaine de « planeurs » étaient stationnés sur les sites Airbus de Toulouse et de Hambourg, en attente de leurs moteurs. Christian Scherer note cependant que l’attente des moteurs « ne signifie pas que les avions ne sont pas terminés, ils ne sont tout simplement pas livrés ». Il constate aussi une augmentation progressive des livraisons de LEAP, laissant à penser que tous les retards de moteurs manquants seront rattrapés d’ici la fin de l’année.
La montée en cadence de la famille A320 se poursuit par ailleurs, avec une production qui atteint environ les 60 appareils par mois aujourd’hui, en route pour les 75 exemplaires en 2027 (Airbus disposera alors d’un total de 10 lignes d’assemblage final dédiées à la famille de monocouloirs sur ses quatre sites d’assemblage mondiaux).
Christian Scherer est également revenu sur le plan de transformation LEAD! lancé l’année dernière pour réorganiser l’ensemble de ses activités et focaliser ses ressources sur son cœur de métier. « Si vous n’en entendez pas beaucoup parler, c’est parce qu’il rencontre un franc succès et qu’il a des répercussions concrètes partout où nous l’avons mis en œuvre, que ce soit par des transformations plus profondes, des initiatives à plus long terme, une refonte des processus ou une simplification de notre organisation. Il y a aussi les impacts immédiats que nous constatons sur les finances » a-t-il expliqué.
Enfin, le CEO d’Airbus Commercial Aircraft s’est également exprimé sur les tarifs douaniers mis en place par l’administration Trump durant le fameux « Liberation Day » début avril. S’il souhaite évidemment revenir à la situation qui était de mise jusqu’alors (réglementation sur le commerce pour les avions civils du GATT de 1979), il rappelle aussi qu’Airbus a joué un rôle déterminant pour aider certains maillons faibles de sa chaîne d’approvisionnement à sortir la tête de l’eau et à surmonter certains obstacles suite à l’impact de la pandémie. « Nous souhaitons, bien sûr, éviter une nouvelle crise de la chaîne d’approvisionnement due à l’interruption des flux commerciaux » a-t-il annoncé. Quant aux potentielles mesures de rétorsion en préparation par l’UE dans le cas de figure où les négociations sur les droits de douane devaient échouer, Christian Scherer s’est montré on ne peut plus clair sur le sujet. « Airbus a toujours estimé que si nous sommes taxés sur les avions que nous expédions aux États-Unis, il serait tout naturel que les Européens taxent les avions qui viennent des États-Unis ».