Il y a quelques années, s’installer au Maroc, en Tunisie ou au Mexique était pour un industriel un gage de réduction des coûts de production. Si c’est toujours le cas aujourd’hui, le Maroc cherche à transformer cette image pour s’imposer comme un véritable partenaire des sociétés aéronautiques et notamment comme une solution viable et pérenne à la crise des talents qui touche – notamment – l’Europe.
C’est ce que croit le GIMAS (Groupement des industries marocaines aéronautiques et spatiales), qui, par la voix de sa directrice générale Maria El Filali, affirme que « les industriels ne viennent plus seulement réduire leurs coûts mais aussi parce que la main d’oeuvre est là ».
Le Maroc peut en effet compter sur une population jeune abondante, les 15-24 ans représentant plus de 16 % de la population, et fortement exposée au chômage (30 % des chômeurs avaient moins de 25 ans en 2021, selon le Haut-commissariat au Plan). Selon le GIMAS comme les industriels aéronautiques implantés sur place, cette jeunesse est très motivée et attirée par le secteur.
L’offre de formation a été développée en conséquence, avec des formations sur mesure, lancées et adaptées pour répondre aux besoins spécifiques exprimés par les industriels, par exemple à l’IMA (Institut des métiers de l’aéronautique), notamment sur les métiers d’ouvriers spécialisés, de mécaniciens ou de techniciens.
En parallèle, la qualité des écoles d’ingénieurs est également reconnue, le directeur général de Safran louant leur niveau en mathématiques et soulignant qu’elles fournissaient également un important vivier d’ingénieures, bien plus qu’en France où « l’abandon des mathématiques au lycée a vidé les écoles d’ingénieurs de leurs jeunes femmes ».
Aujourd’hui, le Maroc abrite 23 500 employés dans l’industrie aéronautique, un nombre qui a doublé en huit ans, dont 40 % de femmes. Plus qu’un pays « best cost », ce qu’il est toujours malgré tout, il met désormais en avant son vivier de talents, la disponibilité et la qualité de son capital humain, pour devenir une solution pérenne à l’enjeu des pénuries de main-d’oeuvre. Le meilleur exemple est celui rapporté par l’IMA : Bombardier n’ayant reçu aucune candidature pour son école technique, il s’est tourné vers le Maroc, où il a trouvé de futurs techniciens motivés à former puis recruter.