C’est un événement qu’il ne faut pas rater, tant son importance est cruciale pour l’industrie aérospatiale européenne et plus généralement pour la souveraineté de la France, et de l’Europe. Le premier tir du nouveau lanceur lourd Ariane 6 est prévu ce soir à 20h tapantes heure de Paris, avec une fenêtre de tir de trois heures.
Évidemment, les milliers d’ingénieurs d’Airbus, de Safran, de l’ESA, du CNES, qui participent depuis 10 ans à la relève d’Ariane 5 retiendront leur souffle, tant le premier vol d’un lanceur est critique sur bien des points, même si, à lui seul, il ne pourra évidemment décider du sort de tout un programme. Le premier tir, c’est surtout l’aboutissement d’une somme colossale de travail et de calculs, et c’est aussi des milliards de données qui serviront à la réussite des lancements suivants.
Le premier tir de qualification d’Ariane 6 (dans sa version A62 ; à deux boosters) sera d’ailleurs, on l’espère, l’objet d’une attention particulière pour le moteur réallumable Vinci (étage supérieur), une innovation qui permettra de placer plusieurs charges utiles sur différentes orbites.
Ce nouveau lanceur lourd européen promet surtout des coûts de production réduits de 40 à 50% par rapport à ceux d’Ariane 5, une réelle exigence pour venir réduire l’écart de compétitivité qui se creuse avec la montée en puissance des acteurs privés aux États-Unis et notamment de SpaceX. Bien sûr, certains railleront encore le retard de l’Europe dans la stratégie des lanceurs réutilisables, sur un carnet de commandes officiellement rempli pour les trois premières années mais qui présente des failles, à l’instar du récent contrat annulé par Eumetsat.
Mais, le plus important, c’est qu’avec Ariane 6, l’Europe va retrouver son accès à l’espace, après la crise profonde connue depuis deux ans (perte de Vega-C, arrêt des tirs de Soyouz à Kourou suite à l’invasion de l’Ukraine, fin d’Ariane 5). L’accès à l’espace est un enjeu de puissance depuis la guerre froide et l’Europe n’était clairement plus au rendez-vous…