Si l’on devait chercher un repère fiable quant à l’état de la conjoncture économique mondiale, c’est sans doute celui de l’évolution de l’activité de l’intégrateur américain FedEx qu’il faudrait tout particulièrement surveiller. Né il y a maintenant un peu plus de cinquante ans à Little Rock (Arkansas) grâce à une petite flotte de Falcon 20 de Dassault Aviation, le géant américain du fret express est incontestablement devenu le symbole de la globalisation des échanges.
Les résultats trimestriels décevants de FedEx publiés mi-septembre ont certes bien commencé à alerter les milieux financiers, mais beaucoup d’observateurs y ont vu aussi des difficultés passagères liées à la concurrence, à la passation des pouvoirs de son célèbre patron-fondateur Frederick Smith quelques mois plus tôt, ou à l’augmentation des coûts liés au carburant et à la main-d’oeuvre. Pourtant son nouveau PDG Raj Subramaniam avait clairement désigné le ralentissement de l’économie mondiale, en particulier en Asie et en Europe, comme les signes avant-coureurs d’une possible récession mondiale à venir.
Hélas, d’autres acteurs mondiaux du fret et de la logistique sont venus confirmer ce que voyait déjà Fedex quelques mois plus tôt, à commencer par le groupe danois Maersk qui table maintenant sur une baisse mondiale de la demande de transport de conteneurs dans un contexte de récession mondiale.
Quant au géant du fret express basé à Memphis, les perspectives se font encore de plus en plus pessimistes ces derniers jours, avec des menaces de licenciements et la réduction de certaines fréquences aériennes, en particulier sur les liaisons transpacifiques. FedEx a aussi décidé d’immobilier certains des appareils de sa flotte afin de retarder leur grande visite de maintenance programmée, et la mise à la retraite définitive des ses gros-porteurs triréacteurs a encore été avancée (fin des opérations des MD-10 à la fin de l’année et des MD-11 l’année prochaine).
Décidément, après plus de deux années de pandémie, suivies par la guerre en Ukraine, la menace d’une récession mondiale se fait désormais de plus en plus insistante, avec ses conséquences à attendre sur le transport aérien, sur les chaînes d’approvisionnement et bien sûr sur les objectifs de montée en cadence des industriels pour les prochaines années. FedEx, véritable baromètre de l’économie mondiale, ne pointe plus vers le beau temps…
