Les décisions concernant la suppression de certaines lignes aériennes intérieures française, lorsqu’une alternative en train de moins de 2h30 existe, et la réduction de voilure de la compagnie HOP! au profit de Transavia sont de plus en plus remises en question depuis quelques semaines.
Le grand coup de semonce est venu mi-décembre de la Commission européenne qui a décidé d’ouvrir une enquête sur le projet de suppression des vols intérieurs qui doit officiellement intervenir à la fin du mois de mars, une enquête approfondie venant d’une demande formulée par l’Union des aéroports français et par une partie des compagnies aériennes volant dans le ciel français. Cette enquête n’a pas encore pour but de venir remettre en cause les effets de la loi Climat sur les lignes intérieures françaises, mais elle pourrait clairement donner du corps à d’autres initiatives menées depuis certaines régions de l’Hexagone.
Un exemple parlant est celui de Bordeaux-Métropole et la CCI de Bordeaux Gironde qui réclament au gouvernement un rétablissement de la navette entre Bordeaux et l’aéroport d’Orly, une liaison déjà supprimée depuis mai 2020, d’abord à cause de la crise sanitaire puis par anticipation sur la future loi, et qui de toute façon n’aura qu’un effet infinitésimal sur les émissions de CO2 françaises. Cette mesure pèse cependant déjà sur la connectivité et sur l’attractivité de la région (et oui, tout le monde ne réside ou ne travaille pas en centre-ville), une tendance qui ira d’ailleurs crescendo avec la reprise attendue des voyages d’affaires.
Autre exemple frappant, le remplacement dans deux mois de la rotation d’Air France entre l’aéroport de Pau-Pyrénées et Orly avec des 737-800 de Transavia France, par définition moins tournée vers le marché d’affaires, aussi bien par les prestations offertes à bord, par des horaires moins adaptés que par la difficulté à rentabiliser tous les jours un, voire plusieurs avions de 189 sièges. Les députés béarnais ne sont pas contents et sont d’ailleurs soutenus par François Bayrou, le maire de Pau, pourtant plutôt proche des idées du gouvernement actuel.
Comment finalement ne pas constater que sur ces mesures justifiées par la transition écologique se cache en fait un dogmatisme bien plus politique, une sorte de dirigisme économique à peine feutré. Le désir de revenir sur les importants investissements liés à la jeune LGV Sud Europe Atlantique par exemple, ou sur la rentabilité difficile de certaines lignes sous les couleurs d’Air France.
La transition écologique a évidemment trop bon dos…


