Le secteur aéronautique est encore très loin de sortir de la crise la plus profonde de son histoire, mais les bonnes nouvelles ont commencé à émerger d’un océan de pessimisme ces derniers jours, avec la concrétisation des premiers vaccins et la réactivité de certains pays à en assurer la distribution au plus vite, en particulier chez nos proches voisins. Si les incertitudes demeurent encore, avec un virus Sars-Cov-2 qui a déjà montré son imprévisibilité, les bases d’un calendrier de reprise du transport aérien peuvent désormais se dresser, avec celui de la reprise de l’industrie aéronautique civile, ce qui n’avait encore jamais été le cas depuis l’apparition de la pandémie.
Car les raisons de cette crise restent éminemment politiques, avec l’absence d’une coordination des pays au niveau mondial quant aux restrictions, et n’ont jamais été liées à une baisse du désir de voyages. À pouvoir d’achat constant, les fondamentaux sont toujours là et la reprise ne demande qu’à se matérialiser dans toutes les régions du monde, même en Europe.
En toute logique, le second semestre 2021 devrait ainsi constituer un véritable tournant pour le secteur, avec un retour à un niveau d’activité un peu plus normal pour les compagnies aériennes. Il ne s’agit pas ici de se mesurer au niveau pré-COVID – il faudra encore quelques années pour cela -, mais d’atteindre une activité suffisante pour pouvoir pérenniser le modèle économique des opérateurs, c’est-à-dire sans le recours à des aides financières extérieures.
Il n’en reste pas moins qu’avec l’apparition de premiers repères solides quant à la reprise, les défis restent évidemment très sérieux pour l’industrie aéronautique et notamment pour la supply-chain française des grands donneurs d’ordre comme Airbus, Safran et Dassault, avec le risque de faillites d’entreprises et de disparitions de compétences sur une période qui s’étendra sur plusieurs années.
Marwan Lahoud, Président du directoire du fonds ACE Management a d’ailleurs particulièrement bien résumé la situation lors d’un débat du Paris Air Forum en présentant les trois menaces qui guettent les sociétés les plus fragiles : « mourir avant le redémarrage, pendant, et mourir une fois que le redémarrage est lancé ». Mais les différentes mesures de soutien de l’État et les commandes anticipées du ministère des Armées vont assurément permettre de sauver durablement la filière aéronautique, un secteur qui va enfin pouvoir mettre un cap en direction de la reprise.

