Il devait arriver comme le symbole du renouveau pour la division Avions Commerciaux de Boeing, venant partiellement effacer les déboires historiques d’une quatrième remotorisation, la dernière, du 737. Le programme 777X et en particulier le 777-9, successeur naturel du 777-300ER, va bientôt renouer avec les essais en vol après la suspension des activités de l’avionneur à Seattle durant plus de trois semaines pour cause de confinement lié au COVID-19.
En théorie, les premières livraisons du plus gros biréacteur produit au monde sont toujours programmées pour le début de l’année prochaine à la compagnie allemande Lufthansa, mais hélas les dernières nouvelles du front ne sont pas des plus réjouissantes pour le programme.
Il faut dire que les opérateurs ne sont logiquement pas pressés d’investir dans cette catégorie de très gros-porteurs, d’autant que les perspectives de reprise de trafic pour les prochaines années restent encore très incertaines. Bien sûr, tous les programmes d’avions commerciaux sont déjà impactés, mais les appareils de grande capacité sont en première ligne, compte tenu de leurs coûts d’acquisition et de leur plus faible flexibilité opérationnelle, sans parler de l’effondrement du cours du baril constaté depuis ces dernières semaines.
Après la réduction de la commande d’Emirates à la fin de l’année dernière, d’autres clients pourraient aussi annoncer des décisions en défaveur du 777X dans les prochains mois. On savait qu’Etihad n’en souhaitait finalement que six (25 exemplaires en commandes fermes), mais des rumeurs insistantes concernant la compagnie hongkongaise Cathay Pacific sont apparues ces derniers jours avec l’extension des contrats de leasing concernant plus d’une vingtaine de ses 777-300ER. De même, Lufthansa pourrait retarder les livraisons de ses premiers exemplaires au profit de nouveaux 777F.
La famille 777X de Boeing connaîtra un jour, on lui souhaite, le succès escompté en venant s’imposer comme le plus gros avion de ligne de sa génération. Mais en attendant, le programme glisse lentement vers des débuts commerciaux compliqués, synonymes d’augmentation des coûts du programme… et de son amortissement. C’est sans doute une nouvelle épine dans le pied de l’avionneur américain qui n’avait décidément pas besoin de cela.
