Le transport aérien qui relie les deux rives de l’Atlantique Nord entre dans une nouvelle phase de son histoire. Après l’apparition des grandes alliances et des joint-ventures transatlantiques se multiplient désormais les compagnies low-cost long-courriers, avec leurs prix d’appel défiant toute concurrence. Norwegian, Level, Wow Air, Primera, WestJet et sans doute bientôt JetBlue se sont ainsi engouffrées sur un marché réputé solide, grignotant peu à peu les passagers des classes économiques des compagnies historiques.
Mais voilà, qui dit compagnie low-cost dit logiquement plus grande dépendance à la volatilité du pétrole et avec un carburéacteur dépassant désormais les 700 dollars la tonne dans toutes les régions du monde, l’écart de compétitivité entre ces nouveaux transporteurs et les compagnies traditionnelles est en train de se réduire.
Les trois grandes compagnies américaines, qui représentent aujourd’hui près du tiers de l’ensemble des capacités offertes entre l’Europe et les États-Unis, l’ont d’ailleurs très bien compris. En rapatriant des appareils qui opéraient sur leurs lignes transpacifiques les plus en difficulté, elles feront très bientôt d’une pierre deux coups.
D’abord parce qu’elles vont ainsi limiter leur exposition à la montée du prix du carburant tout en profitant de la bonne tenue des passagers à haute contribution sur le transatlantique, mais aussi parce que les cabines arrières de ces nouveaux appareils, rendue plus compétitives, vont donner davantage de fil à retordre aux acteurs low-cost dont le modèle économique sur l’Atlantique Nord reste à prouver sur le long terme.
Des compagnies comme Norwegian et Wow Air montrent déjà d’importants signes d’essoufflement (financier) après leur croissance record et ce n’est probablement que le début. Car il faudra avoir les reins solides pour perdurer dans cette véritable guerre d’usure et certains y laisseront des plumes, à défaut de se brûler définitivement les ailes. C’est la nouvelle bataille de l’Atlantique Nord et elle commence maintenant.
