Nouvelle semaine quelque peu mouvementée pour le programme F-35 Joint Strike Fighter de Lockheed Martin. Alors qu’on se montre quelque peu rassurant et confiant aux Pays-Bas et en Israël, que des dissensions se font entendre en Corée du Sud, la foudre continue de s’acharner sur les gouvernements canadien et américain.
Aux Pays-Bas tout d’abord, le gouvernement réitère sa confiance au programme F-35, malgré un certain nombre de problèmes encore non résolus, et continue de considérer que l’avion de Lockheed Martin est le meilleur successeur possible de l’actuelle flotte de F-16. Les 300 millions d’euros qui devront être déboursés pour étendre la durée de vie des F-16 jusqu’en 2021 – après 40 ans de service – seraient en partie compensés par l’avancée technologique représentée par le F-35. Et même si la hausse du coût unitaire inquiète, l’impact sur l’industrie de défense néerlandaise reste positif.
En Corée du Sud, la bataille fait toujours rage entre Boeing, Lockheed Martin et EADS pour remporter un contrat de près de 9 milliards de dollars pour la vente de 60 avions de chasse au gouvernement – qui doit prendre sa décision en octobre. Le F-35 y est en compétition contre le F-15 Silent Eagle et l’Eurofighter. Des tests de performance doivent être menés, et c’est le mode d’exécution qui exacerbe les controverses, rapportées par l’agence de presse Yonhap. En effet, alors que Boeing et EADS mettront à disposition un de leur avion pour les pilotes coréens, Lockheed Martin se refuse à le faire, arguant du fait que le F-35 est un avion toujours en cours de développement et que seuls les pilotes de F-35 ont l’autorisation de le faire voler. A la place d’un véritable avion, les pilotes coréens voleront donc sur simulateur.
En Israël, le Jerusalem Post révèle que le gouvernement serait susceptible de commander un second lot de F-35. La première commande avait été passée en octobre 2010, et prévoit la livraison de 20 appareils, pour un total de 2,75 milliards de dollars. Cependant, le nombre d’avions pourrait être revu à la baisse, en raison de la hausse du coût unitaire.
Direction le Canada à présent, où le F-35 est en passe de devenir une véritable affaire d’Etat. La presse canadienne a révélé ces derniers jours un scandale qui risque de mettre le feu aux poudres (si ce n’est pas déjà fait) dans l’opinion publique. En effet, la conférence de presse du 16 juillet 2010, qui avait pour objet l’annonce du projet d’achat de 65 F-35, aurait coûté 47 000 dollars au contribuable canadien, selon des documents présentés au Parlement. Lors de cette conférence, le ministre de la Défense Peter MacKay, la ministre des travaux publics Rona Ambrosera et le président du Conseil du Trésor Tony Clement avaient été photographiés dans une maquette grandeur nature du JSF. Cependant, c’est Lockheed Martin qui aurait pris l’ensemble des coûts de fabrication et d’acheminement en charge. Le porte-parole du ministre de la Défense a affirmé que la moitié des 47 000 dollars avaient été alloués à la compagnie audiovisuelle chargée de l’organisation de la conférence. Le ministre associé à la Défense Julian Fantino a pour sa part justifié ce coût exorbitant par le fait que la décision de remplacer les CF-18 était assez importante pour admettre une telle dépense. Le fait que cette conférence ait eu pour but une simple annonce et non une signature de contrat fait dire aux libéraux que c’est plutôt « cher payé pour un cliché ».
Et enfin, pour finir en beauté, aux États-Unis, le Comité des forces armées du Sénat s’est dit mardi « inquiet » de la qualité de production du F-35 et se demande si cette production est suffisante pour livrer le JSF aux Etats-Unis et aux pays alliés à un prix abordable. Le rapport fait état d’un nombre important de réparations à l’usine de Fort Worth, au Texas, entre 2009 et 2012, sans toutefois donner plus de détails sur leur nature. « L’inattention » constatée par les membres du comité a de plus conduit à la découverte d’un problème potentiellement sérieux concernant la capacité de guerre électronique de l’avion. L’impact de ce dysfonctionnement est encore inconnu, mais le comité enjoint Lockheed Martin et le Département de la Défense à être plus vigilant. Le document pose également la question de savoir si les ouvriers temporaires présents en raison de la grève seront capables d’assurer le travail sur un système aussi complexe que celui du F-35. Enfin, il est rappelé qu’il est toujours aussi dangereux pour Lockheed Martin de construire des F-35 de série alors que les avions sont toujours en phase de test, ce qui pourrait amener à de coûteux retrofits. Le DOD et la tête du programme F-35 n’ont pas encore réagi à la publication.