Le Stockholm international peace research institute (Sipri) a publié mardi 17 avril son rapport annuel sur les dépenses militaires mondiales. En légère hausse de 0,3% par rapport à 2010, le montant dépasse les 1 700 milliards de dollars. Cette stabilisation contraste avec l’augmentation annuelle moyenne de 4,5% entre 2001 et 2009.
Les pays les plus dépensiers dans le domaine militaire ont réduit leur budget alloué à la Défense, notamment en raison de la crise économique, qui a fortement influé sur la répartition des crédits. Ainsi, les États-Unis conservent la première place, mais ont réduit de 1,2% leur budget. Le retrait des troupes d’Afghanistan et d’Irak, ainsi que la réduction du budget de la Défense de 487 milliards de dollars sur dix ans joue énormément sur cette diminution. C’est d’ailleurs la première fois que les dépenses militaires américaines sont à la baisse depuis 1998. Le Brésil a, pour sa part, opéré une réduction de 8,2%.
Sur la période 2008-2011, la France a réduit ses dépenses militaires de 4%, l’Allemagne de 1,4% et la Grande-Bretagne de 0,6%. Dans le reste de l’Europe, certaines baisses ont été assez spectaculaires. Ainsi, la Grèce a diminué ses dépenses de Défense de 26% depuis 2008, l’Espagne de 18%, l’Italie de 16%, la Belgique de 12% et l’Irlande de 11%.
Cependant, la hausse des dépenses de certains pays contrebalance l’impression générale de stabilisation. En effet, la Russie, malgré une période de récession en 2009, a augmenté son budget militaire de 9,3% en 2011, ce qui l’élève à la troisième place mondiale, avec un total de 71,9 milliards de dollars. Une tendance qui ne devrait pas s’infléchir dans les prochaines années, le pays prévoyant de remplacer 70% de ses équipements militaires datant de l’ère soviétique d’ici 2020. Les nouvelles augmentations concerneront surtout les dépenses de R&D en équipement (749 milliards de dollars). Il reste à présent à voir si la Russie pourra maintenir un rythme aussi ambitieux. L’autre gros dépensier de cette année 2011, c’est la Chine, qui a augmenté son budget militaire de 6,7%, soit près de 170% depuis 2002, plus de 500% depuis 1995. Le pays s’est hissé à la seconde place des pays dépensiers dans le domaine militaire en 2011, derrière les États-Unis et devant la Russie.
En Afrique, la hausse constatée est entièrement due à la hausse de 44% des dépenses militaires de l’Algérie, en grand partie à cause des inquiétudes générées par le conflit en Libye. Toutefois, les données de certaines zones géographiques restent incertaines et ne permettent pas une estimation exhaustive. C’est également le cas au Moyen-Orient, le Sipri manquant de données pour l’Iran, le Qatar, les Émirats arabes unis et le Yémen.
Selon le Sipri, il est encore trop tôt pour affirmer que ce fléchissement des dépenses militaires va durer sur le long terme, tout conflit potentiel – notamment au Moyen-Orient – pouvant mettre à mal la stabilisation constatée. De plus, l’institut ne parle pas non plus de « course à l’armement » en Asie, même face à cette montée en puissance de la Chine.

