Chaque année, 2 000 jeunes Français âgés de 20 à 25 ans rejoignent les 50 000 militaires et 5 000 personnels civils qui forment les rangs de l’armée de l’Air.
Dans l’optique d’attirer toujours plus de candidats, une vaste campagne de recrutement nationale a été lancée début septembre 2011.
A cette occasion, Le Journal de l’Aviation est allé à la rencontre du Général de corps aérien Herbert Buaillon, Directeur des Ressources Humaines de l’armée de l’Air, pour faire le point sur ces recrutements. Rencontre.
Quelles sont les métiers concernés par la campagne de recrutement ?
Au sein de l’armée de l’Air, il existe un très grand panel de métiers. En tout, ce sont 50 postes tous différents les uns des autres et intéressants. L’ensemble de ces 50 spécialités est concerné par la campagne de recrutement. Ainsi, nous recherchons des chauffeurs de poids lourds, des pilotes, des mécaniciens aéronautiques, des pompiers de l’air…
Le Livre blanc préconise également un renforcement du renseignement militaire. Y a-t-il des besoins spécifiques pour l’armée de l’Air ?
Le renseignement s’inscrit dans un contexte interarmées. C’est un domaine dans lequel nous recrutons beaucoup, tout d’abord parce qu’il y a de plus en plus de satellites d’observation, d’écoute électromagnétique, de satellites infrarouge, de radars. Cela fait des montagnes de données qu’il faut exploiter. Avant, lorsqu’on envoyait un Mirage F1 sur tel ou tel site, il prenait des photos et il fallait exploiter les fichiers. Avec les drones qui surveillent pendant des heures certaines zones, il faut en permanence des gens pour exploiter les données en temps réel.
Et en ce qui concerne les drones justement, qui ont vocation à se développer, quelle sont les perspectives pour le futur ?
Le métier « drone » n’existe pas à proprement parler. En revanche, les exploitants de drones sont des spécialistes du renseignement. Le métier spécifique pour les drones c’est ce qu’on appelle un « opérateur de drones », qui font voler les drones. Actuellement, le nombre de drones est plutôt réduit. Nous faisons donc appel aux compétences de pilotes, qui, sur la base du volontariat, deviennent « opérateurs » de drones pendant deux ou trois ans, avant de retourner à leur spécialité de base. Mais nous n’imaginons pas le futur en continuant de cette manière. Nous allons créer une filière « opérateur drones » dès que nous en auront un nombre significatif. Pour l’instant, nous ne possédons que quatre drones Harfang, nous n’avons donc encore pas de quoi créer la filière.
Rencontrez-vous des difficultés pour recruter dans certaines de ces spécialités ?
Si les jeunes pensent tout naturellement à l’armée de l’Air pour exercer le métier de pilote de chasse, ce n’est pas le cas pour les informaticiens, les spécialistes des systèmes d’information et de communication (SIC), les logisticiens ou encore les spécialistes du bâtiment. Ces spécialités sont fortement concurrencées par le monde civil. Il faut savoir que pour ces emplois-là, nous recevons très peu de candidatures (de 3 à 4 candidatures pour un poste). La campagne de recrutement a justement le rôle de faire découvrir la diversité des métiers offert par l’armée de l’Air.
Combien de candidatures avez-vous reçu depuis le début de la campagne ?
Cette année, nous avons constaté une nette augmentation du nombre des candidatures par rapport aux autres années. Environ 20 à 30 % de plus. Ce chiffre ne prend pas en compte les candidatures spontanées que nous recevons via notre site de recrutement toute l’année car la plupart d’entre elles ne sont pas concrétisées. Au sein de l’armée de l’Air nous comptons en moyenne 4 candidatures pour un poste, mais derrière cette moyenne il y a de grandes disparités selon les spécialités : 15 à 20 candidats pour un poste de pilote de chasse alors qu’il n’y a que 1 à 3 candidats pour un poste de militaire du rang. La campagne nous permet d’améliorer les chiffres les plus bas pour ainsi accroître la qualité des personnes qui rejoignent l’armée de l’Air.
Quelles sont les modalités de recrutement pour intégrer l’armée de l’Air ?
Les jeunes ont plusieurs possibilités pour nous rejoindre. Tout d’abord en se rendant sur notre site internet dédié au recrutement www.air-touteunearmee.fr . Ensuite, ceux qui souhaitent devenir militaires du rang peuvent s’engager directement auprès des bases aériennes. Pour tous les autres, les renseignements et les dépôts de candidatures peuvent se faire directement au sein des centres d’information et de recrutement des forces armées (CIRFA). Enfin, les jeunes qui veulent intégrer l’Ecole de l’Air, le recrutement se fait sur concours dans les CIRFA, excepté pour les élèves en classes préparatoires (70 élèves par an).
Sur le plan de la formation, quel est le niveau requis pour intégrer l’AA ?
Nous recrutons des jeunes ayant une formation débutant du CAP (chauffeurs, fusiliers, commandos …) et allant jusqu’au Bac+5 (cas de nombreux Officiers sous contrat). L’armée de l’Air est un recruteur particulier dans le sens où, de manière générale, nous ne demandons pas un niveau de formation très élevé ou une expérience professionnelle préalable. Il faut savoir que les 2 000 jeunes recrutés chaque année suivent par la suite une formation pouvant s’échelonner entre plusieurs mois et plusieurs années pour les métiers les plus compliqués. Par exemple, un mécanicien aéronautique suit une formation comprise entre 2 et 2 ans et demi. Un pilote doit être formé entre 2 et 4 ans avant de rejoindre une unité opérationnelle : 3 à 4 ans pour un pilote de chasse et 2 à 3 ans pour un pilote de transport. Les chauffeurs ont une formation plus courte car la plupart ont leur permis. Si tel n’est pas le cas, ils le passent au sein de l’armée de l’Air.
Toujours en termes de formation, où en est le projet d’école européenne d’aviation de combat où (Advanced European Jet Pilot training) dont parle le Livre blanc de la Défense ? D’autre part, des accords internationaux existent-ils entre les différentes armées de l’Air ?
Nous avons développé entre Tours et Cazaux un outil de formation sur Alphajet aux nations qui voulaient nous rejoindre et en 2004, les Belges sont venus et nous ont apporté leur flotte d’Alphajet modernisés. La constitution d’une école européenne d’aviation de combat c’est un souhait de l’armée de l’Air, mais une fois que nous avons fait la proposition, il faut que ça suive. Pour ce qui est des échanges internationaux, l’armée de l’Air répond à une mission de formation et nous avons des accords qui permettent aux nations étrangères de venir se former chez nous. Nous avons par exemple des échanges avec les Italiens et les Suisses. Des élèves singapouriens et des qataris suivent actuellement des cursus de pilotes dans nos écoles. Autre exemple d’échange international, tous les dossiers de soutien à l’export sont toujours accompagné d’un volet formation et l’armée de l’Air a pour mission de pouvoir y répondre.
Quelle est la solde moyenne d’un militaire en début et fin de carrière ?
Chaque rémunération dépend du niveau de qualification et de la situation familiale de chaque militaire. En moyenne, en début de carrière, un militaire touche une solde comprise entre 1200 net pour un militaire du rang et 2 400 euros net pour un officier personnel navigant. Les volontaires (emplois jeunes) perçoivent une solde d’environ 800 euros net. Les pilotes et les navigateurs sont les mieux payés.
| Comment devenir pilote de chasse dans l’armée de l’Air en 2012
Le profil recherché Contrairement à ce que beaucoup pensent, « il suffit d’avoir le baccalauréat pour devenir pilote de chasse », précise le Général Herbert Buaillon. Ainsi, parmi les 120 pilotes recrutés chaque année par l’armé de l’Air, seulement 50 le sont par le biais de l’Ecole de l’Air (élèves issus de Maths spé). Les 70 restants, sont des officiers sous contrat ayant le bac. Néanmoins, avant de prendre les commandes d’un avion de chasse, ces pilotes doivent suivre une longue période de formation comprise entre 3 ans et 4 ans : 4 mois de formation militaire, 7 à 8 mois de formation théorique (la même que pour les pilotes de ligne – ATPL), 1 an et demi de tronc pour la formation initiale au pilotage et enfin 1 an de stage de spécialisation (chasse, transport, hélicoptère…). La sélection des pilotes de chasse « Exercer le métier de pilote de chasse n’est pas très facile et n’est donc pas donné à tout le monde. En moyenne dans la population française, seulement 1 personne sur 10 peut être pilote de chasse. Avec toutes les candidatures que nous recevons pour ce poste, il nous faut déterminer le plus rapidement possible quelles sont les compétences de chacun. Pour ce faire, les candidats doivent passer plusieurs tests, dont les tests d’attention qui sont les plus difficiles. Un pilote de chasse doit être capable de faire plusieurs choses en même temps et prendre des décisions rapides. L’affectation sur tel ou tel avion s’effectue ensuite à l’issue de la formation, en fonction du classement des élèves et des besoins », explique Herbert Buaillon. Existe-t-il une école de formation interarmées des pilotes ? Pour tous les pilotes d’hélicoptères, que ce soit armée de l’air, Marine ou armée de Terre, la formation initiale se passe à Dax. Il existe un protocole avec l’armée de Terre qui gère la base et accueille le nombre d’élèves dont l’AA a besoin. L’AA, qui fournit les instructeurs, forme également une partie des pilotes de l’aéronavale, en particulier les pilotes qui partiront sur Atlantique 2 et dans les avions patrouille maritime. « En revanche, nous ne pouvons pas former les pilotes de chasse de l’aviation embarquée, puisque nous ne possédons pas d’avions capables d’apponter », explique le Général Buaillon. Pour ces formations spécifiques, la Marine envoie ses élèves pilotes se former aux Etats-Unis. Les femmes pilotes de chasse « Pas énormément », reconnait Herbert Buaillon. En effet, les femmes ne représentent que 6 % des effectifs Air (PN – personnel navigant), soit 210 au total, dont seulement une dizaine de pilotes de chasse ! Toutefois, on « constate une augmentation progressive de la féminisation dans les rangs des pilotes de chasse », rajoute le Général Buaillon. Par ailleurs, l’armée de l’Air est l’armée la plus féminisée avec plus de 10 000 femmes, soit 22 % des effectifs. A qui s’adresser ? Les jeunes intéressés peuvent s’adresser au CIRFA le plus proche ou se rendre directement sur le site internet de l’armée de l’air, www.air-touteunearmee.fr . |
