Le ciel américain est une jungle dans laquelle Virgin America lutte pour la vie. Ces prédateurs ont remporté une première victoire sur elle en décembre dernier avec le refus provisoire du Département des Transports (DoT) américain de l’autoriser à décoller mais la jeune compagnie n’a pas dit son dernier mot. Elle a lancé le 17 janvier le site Internet letvafly.com, réponse à ce rejet, sur lequel elle expose les obstacles placés sur son chemin, appelle ses internautes à signer une pétition, voire écrire au Congrès, et lance une nouvelle offensive séduction en présentant sa cabine pour la première fois.
Virgin America a remplit son dossier en appel à la décision du DoT le 10 janvier. L’institution américaine avait en effet reconnu le 27 décembre 2006 que le Président et les deux tiers de la direction de la compagnie étaient américains, que celle-ci avait les compétences pour le type d’opérations qu’elle voulait lancer et qu’elle remplissait les conditions financières nécessaires. Mais elle ne lui a pas reconnu la citoyenneté américaine en raison de la provenance de ses fonds. Elle estime en effet que moins de 75% d’entre eux proviennent d’organismes américains et que Virgin America est en réalité sous le contrôle, britannique, du groupe Virgin et de Richard Branson.
Pourtant, lors du dépôt de sa demande le 8 décembre 2005, Virgin America avait déclaré que son actionnariat était majoritairement détenu par le fonds d’investissement VAI Partners, composé des sociétés américaines Black Canyon Capital et Cyrus Capital. Virgin, actionnaire minoritaire, fournit la franchise. Au total, plus de 177 millions de dollars avaient été réunis. Virgin America est présidée par Fred Reid, basée à l’aéroport international de San Francisco et possède 34 Airbus A319 et A320, qu’elle prête pour le moment à la start-up américaine SkyBus. Elle espérait lancer ses opérations en 2006 mais a été retardée par l’opposition des compagnies américaines, et particulièrement Continental Airlines. Si le dossier qu’elle a déposé en appel a l’effet escompté, elle envisage de commencer ses opérations cet été avec la liaison San Francisco – New York.
La griffe Virgin
Le premier appareil est fin prêt. Baptisé Jefferson Airplane en référence à un groupe de rock californien des années 60, il a été présenté au public le 11 octobre dernier. Aujourd’hui, on connaît également l’intérieur de la cabine. Les Airbus seront aménagés en configuration biclasse. La classe économique et la Première ont le même système de divertissement en vol, c’est-à-dire des écrans de 9 pouces intégrés au dossier du siège de devant avec la possibilité d’accéder à 25 films, plus de 3.000 mp3, plus de 20 chaînes de radio et à des jeux vidéo. Une manette de jeux et un clavier qwerty sont intégrés. S’ils sont finalement autorisés à monter à bord, les passagers pourront envoyer communiquer par courriels, sms ou chat. Les appareils sont également dotés de point d’accès haut débit et sans fil. Enfin, chaque siège est doté d’une prise de 110V, d’un port USB et d’un connecteur RJ-45.
Autre point commun : l’éclairage d’ambiance. Destiné à augmenter le confort du passager, il est modulé selon le moment de la journée. Les couleurs et la puissance de l’éclairage varient ainsi tout au long du voyage et permettent au passager de conserver son rythme naturel. Des veilleuses sont installées pour ceux qui souhaiteraient lire ou travailler alors que la luminosité est en baisse.
La différence se joue au niveau des sièges. Ceux de la classe économique préservent un espace de 32 ou 33 pouces selon les appareils. Ils sont revêtus de cuir noir et le dossier est en plastique blanc. Ils sont également dotés d’un support lombaire. Les sièges de la classe supérieure, huit au maximum dans les appareils, sont de couleurs inverses, le blanc teignant le cuir et non plus le dossier. Bien plus larges qu’en classe éco, ils possèdent en plus une fonction massage un appuie-tête, un repose-jambes et un repose-pieds réglables. La table pour déjeuner se situe enfin dans le bras du siège et non plus sous l’écran.
Après avoir mis le gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger dans sa poche avec la promesse de création de 3.000 emplois sur cinq ans, Virgin America compte attiser la curiosité et l’envie de ses clients. Son slogan « an airline we hope you’ll love » témoigne du lien sentimental qu’elle tente de développer. Pour parvenir à ses fins et se rapprocher de ses passagers, elle les implique dans l’élaboration de ses produits. Par la pétition certes, mais aussi en les faisant participer à la création d’un programme de fidélisation plus proche de leurs besoins. Sa dernière botte, portée avec le Jefferson Airplane, est d’en appeler à leur créativité pour nommer les prochains appareils. Une démarche particulière dont elle espère qu’elle lui apportera la sympathie des passagers, à défaut de celle de ses concurrentes.