Le BEA a publié un rapport préliminaire concernant l’enquête sur l’accident du MD-83 de Swiftair au Mali le 2 avril. Le bureau d’enquêtes et d’analyses indique que celui-ci était « vraisemblablement » dû au givrage des capteurs de pression de l’appareil une fois arrivé en croisière, un problème qui n’a probablement pas été identifié par les pilotes car aucune action correctrice ne semble avoir été prise pour éviter le décrochage.
Le BEA rappelle que, le 24 juillet 2014, le MD-83 immatriculé EC-LTV de Swiftair a décollé de Ouagadougou pour un vol de nuit en direction d’Alger, réalisé pour le compte d’Air Algérie. La montée en altitude de croisière s’est déroulée sans incident, avec plusieurs modifications de cap destinées à contourner une zone orageuse, le pilote automatique et l’auto-manette étant engagés. Arrivé en altitude de croisière au niveau de vol 310, le pilote automatique passe en mode de maintien d’altitude et l’auto-manette en maintien de vitesse.
L’enregistreur de paramètres (FDR) révèle que la valeur enregistrée par l’EPR (Engine Pressure Ratio) est devenue erronée pour le moteur droit – incohérente par rapport aux autres données moteur. Puis, 55 secondes plus tard pour le moteur gauche également. « Ceci est vraisemblablement le résultat du givrage des capteurs de pression situés sur le cône de nez des moteurs », indique le rapport du BEA. Surestimées, les valeurs mesurées se sont approchées des valeurs limites, ce qui a amené l’auto-manette à conserver une poussée inférieure à celle prévue. Par conséquent, la poussée est devenue insuffisante pour maintenir la vitesse de croisière.
La décélération de l’appareil « a engendré une diminution de la portance qui a conduit à une tendance de l’avion à descendre. Le pilote automatique, engagé en mode de maintien de l’altitude, a alors commandé une augmentation de l’assiette de l’avion pour compenser la diminution de portance qui résultait de cette perte de vitesse. » La vitesse du MD-83 a diminué de 290 à 200 nœuds en 5 minutes 35 et l’incidence a augmenté jusqu’au décrochage.
Le BEA laisse entendre que les pilotes n’ont rien perçu de ce qu’il se passait. En effet, il explique que le système de protection contre le givrage des moteurs « n’a vraisemblablement pas [été] activé. » Par ailleurs, 20 secondes avant le début du décrochage, le pilote automatique est déconnecté (le BEA n’a pas encore déterminé s’il s’agit d’une action volontaire de l’équipage ou s’il s’agit d’une déconnexion automatique). L’avion part alors « brusquement en roulis à gauche jusqu’à atteindre 140° d’inclinaison, et à piquer jusqu’à 80°. » Or aucune manœuvre de récupération n’a été enregistrée. « Cependant, dans les instants qui ont suivi le décrochage de l’avion, les gouvernes restent braquées dans le sens à cabrer et en roulis à droite. »
Le MD-83 s’est écrasé dans la région de Gossi, au Mali, avec une forte vitesse et une incidence importante. L’impact avec le sol a provoqué la désintégration de l’appareil. Cent seize personnes se trouvaient à bord.
Le BEA rappelle également que l’enregistreur phonique est trop endommagé pour être exploitable et qu’il ne peut donc pas confronter les paramètres enregistrés aux conversations qui auraient pu avoir lieu dans le poste de pilotage. Le rapport final est attendu pour la fin du mois de décembre.