Commandes d’Airbus long-courriers suspendues en Chine, menaces réelles en Inde, la taxe carbone de l’Union Européenne commence sérieusement à peser sur les compagnies et les industriels du vieux continent. Depuis la remise en cause des livraisons de près d’une soixantaine de gros-porteurs Airbus par les compagnies chinoises, les menaces de rétorsion se succèdent à un rythme qui s’accélère.
L’Inde a ainsi averti que les compagnies aériennes européennes pourraient se voir interdire le survol de son territoire, les obligeant à effectuer de longs détours au-dessus de l’Océan Indien et le Golfe du Bengale. Les A380 de Lufthansa sont quant à eux tout simplement bannis de l’aéroport de Shanghaï Pudong. Plus récemment, c’est l’administration Obama qui est venue au secours de l’association Airlines for America (A4A), voulant clairement mettre fin à une politique unilatérale qui ne fera hélas finalement que des dégâts en Europe.
Les compagnies françaises et européennes s’étaient pourtant alarmées très tôt des conséquences de la taxe carbone. L’enjeu est évidemment de taille, comme l’indique l’IATA, le transport aérien européen sera encore à la traine de la croissance mondiale, pronostiquant même une perte estimée à 600 millions de dollars pour cette année.
Si les risques d’une vraie bataille commerciale débordant sur d’autres pans de l’économie sont aujourd’hui peu crédibles, le secteur aéronautique devrait rester la principale cible des mesures de rétorsion de la quarantaine de pays ne voulant pas de l’ETS.
L’Union Européenne a voulu faire un (tout) petit pas en arrière cette semaine, acceptant d’exempter les compagnies non européennes dans l’hypothèse où le dossier serait repris par l’OACI dans un schéma plus global. Mais un accord au sein de l’organisation mondiale n’est pas à l’ordre du jour, pressions de ses principaux membres oblige. Tout porte à croire que la position de l’Europe sur la taxe carbone est désormais intenable. Ce projet ne survivra pas, quels que soient les aménagements qui lui seront apportés.
« Achetez nos avions, ouvrez vos aéroports et payez nos taxes », une idée finalement bien trop européenne de l’organisation du monde.