Réorganiser le trafic aérien est essentiel pour l’environnement. Les compagnies aériennes, premières à être visées lorsqu’on parle d’écologie et d’aéronautique, ne cessent de répéter que le renouvellement de leur flotte n’améliorera vraiment les choses qu’associé à de nouvelles méthodes de gestion du trafic. Celles-ci sont actuellement en développement aux Etats-Unis et en Europe, qui veulent respectivement mettre en place NextGen et le Ciel Unique Européen d’ici à 2020. Ce dernier devrait réduire de 10% l’impact environnemental de chaque vol dans la zone qu’il couvre.
Les deux systèmes visent principalement à éviter la saturation imminente de l’espace aérien et à améliorer la sécurité des vols. Mais par l’optimisation des trajectoires et la réduction des temps de vol, ils amélioreront les performances des appareils en terme de consommation de carburant et de rejets dans l’atmosphère. Pour maximiser les effets sur l’écologie, l’UE et la FAA ont décidé de collaborer et ont lancé le partenariat AIRE (Atlantic Interoperability Initiative to Reduce Emissions), qui vise à analyser, tester et mettre en place les technologies et procédures opérationnelles dans toutes les étapes du vol.
Les principales études d’AIRE
L’une d’elles consiste à mieux utiliser les aéroports. Une planification précise des mouvements sur le tarmac va permettre de diminuer le nombre d’arrêts et de démarrages dans l’enceinte de l’aéroport. Les appareils devraient également rester plus longtemps au contact ou être remorqués dans une aire de stationnement au lieu d’aller faire la queue en seuil de piste, réacteurs allumés.
AIRE devrait également travailler à l’amélioration des trajectoires au-dessus de l’océan Atlantique. NextGen se penche sur le sujet avec assiduité et a développé l’ADS (Automatic Dependent Surveillance) et la RNAV. La première utilise la navigation par satellite pour mieux positionner l’appareil et définir ainsi des trajectoires efficaces. La seconde se concentre sur l’ensemble du vol, depuis le décollage jusqu’à l’atterrissage : utilisation de routes plus précises, plus courtes et de profils de montée et de descente plus performants.
Le travail sur les approches est également essentiel. AIRE souhaite généraliser les approches « sur mesure », c’est-à-dire à moteur réduit selon des trajectoires de descente lissées. Le but est que les systèmes au sol calculent le profil d’arrivée d’un appareil en l’optimisant du point de vue énergétique tout en respectant les contraintes liées à l’heure d’arrivée. Ils envoient ensuite ces informations aux systèmes embarqués. Selon AIRE, ce type de procédure permettrait d’économiser entre 200 et 400kg de carburant par vol.
Pourquoi de nouveaux systèmes ?
Ces nouveaux systèmes sont absolument essentiels pour le trafic aérien européen et américain. Aujourd’hui, l’Europe gère 8,5 millions de vols par an. Ce chiffre devrait doubler d’ici 2020. Or, la technologie utilisée aujourd’hui pour gérer le trafic aérien date des années 70. Selon Eurocontrol, une simple amélioration du système ne lui permettra de tenir que jusqu’en 2015. La situation et le calendrier sont exactement les mêmes aux Etats-Unis. Et les prémices de la saturation totale sont déjà visibles lors de mauvaises conditions météorologiques : un petit brouillard et les retards handicapent tout le réseau.
En ce qui concerne l’environnement, l’IATA (Association Internationale du Transport Aérien) estime que si l’on se contentait de diviser l’inefficacité du système par deux d’ici 2012, le rejet de 35 millions de tonnes de CO2 pourrait être épargné. C’est pourquoi elle ne laissera pas aux gouvernements le loisir de se reposer sur les compagnies, les avionneurs et les motoristes lutter seuls contre les émissions.