Ce pourrait être le pire accident aérien jamais survenu au Brésil. Le 17 juillet, peu avant 19h heure locale (minuit à l’heure de Paris), un Airbus A320 de TAM est sorti de la piste lors de son atterrissage à l’aéroport Congonhas de Sao Paulo (CGH). L’appareil transportait 186 personnes, dont six membres d’équipage, et l’accident aurait également provoqué au moins une quinzaine de victimes au sol. Les chances de retrouver des survivants sont désormais nulles.
Le vol JJ 3054 avait décollé de Porto Alegre à 17h16 heure locale (22h16 à l’heure de Paris). A son arrivée à Sao Paulo, le temps était très pluvieux mais l’équipage a obtenu la clairance du contrôle aérien pour son atterrissage sur la piste 35L, mesurant 1 940 mètres de long. Cependant, une fois posé, l’A320 n’est pas parvenu à s’immobiliser, probablement victime d’aquaplanage : il est sorti de piste et a traversé l’avenue Washington Luis située à une dizaine de mètres en contrebas avant d’aller s’encastrer dans un terminal cargo de TAM Express, dans lequel se trouvaient six personnes à présent portées disparues et où était stocké du carburant. Appareil et bâtiment ont pris feu, provoquant un incendie que les pompiers ont mis plusieurs heures à éteindre. Selon certains témoins, l’appareil allait très vite et aurait pu tenter un redécollage.
Il s’agissait de l’A320 immatriculé PR-MBK (MSN 789). Il avait été livré à la compagnie salvadorienne TACA Airlines en février 1998 puis exploité par le transporteur vietnamien Pacific Airlines avant de rejoindre la flotte de TAM en décembre 2006, sous contrat de leasing avec Pegasus. Equipé de réacteurs V2500 d’International Aero Engines, il avait cumulé environ 20 000 heures de vol en près de 9 300 cycles.
On ignore encore les causes de l’accident mais l’état de la piste de l’aéroport pourrait en être responsable. L’aéroport de Congonhas, qui se trouve en pleine ville dans une zone densément peuplée, est réputé pour ses pistes courtes et glissantes et les autorités brésiliennes avaient en vain tenté d’interdire son accès aux appareils trop gros porteurs. Le revêtement de la piste venait également tout juste d’être refait et elle avait été rouverte à la circulation des aéronefs. Mais le problème majeur, pour lequel les travaux ont été entamés, n’était pas encore réglé : les sillons d’évacuation des eaux pluviales ne sont pas suffisamment efficaces en cas de fortes pluies, conditions qui régnaient à Sao Paulo.
Plusieurs incidents étaient déjà survenus, y compris la veille de l’accident de TAM où un ATR42 de Pantanal Airlines était également sorti de cette même piste dans des conditions météorologiques similaires. Infraero, la société gérant les aéroports brésiliens, va donc devoir se préparer à une grande instruction à charge, dans le meilleur des cas pour négligence. Cinq experts d’Airbus ont été dépêchés sur le site et assisteront ceux du BEA (Bureau d’Enquêtes et Analyses) dans l’enquête. En attendant, le Président Luiz Inacio Lula da Silva a décrété trois jours de deuil national.