Le salon MRO Middle East qui s’est tenu la semaine dernière à Dubaï, parallèlement à Aircraft Interiors Middle East (AIMA), était particulièrement chargé cette année, de l’avis même de tous les exposants que nous avons pu rencontrer sur place.
C’est d’autant plus à souligner que l’événement se déroulait seulement 2 mois après la tenue du grand salon aéronautique de Dubaï (Dubai Airshow). Le salon a même eu l’honneur de la visite du cheikh Ahmed bin Saeed Al Maktoum pour son inauguration, le Président du groupe Emirates cumulant aussi la casquette de Président de la Dubai Civil Aviation Authority (DCAA).
Pour le cabinet américain ICF, le secteur de la maintenance aéronautique dans la région va d’ailleurs continuer à croitre un peu plus vite que la moyenne mondiale (+7% par an) pour atteindre 11 milliards de dollars de dépenses MRO en 2026 (5,4 milliards en 2016). La flotte d’avions commerciaux du Moyen-Orient va en effet passer de 1400 appareils aujourd’hui à 2300 en 2026. Pour Richard Brown, consultant en chef chez ICF, on peut cependant comparer la taille de flotte actuellement installée dans la région à celle d’une grande compagnie américaine comme Delta (mainline + feeders), ce qui explique que le Moyen-Orient ne représente finalement que 8% de la demande en MRO au niveau mondial (5% de la flotte en nombre d’appareils).
Des difficultés persistantes dans les pays du Golfe
De multiples événements ont pesé sur les compagnies de la région ces dernières années (prix du carburant, compétitions, contexte géopolitique…) et les compagnies du Moyen-Orient ne devraient afficher qu’un petit bénéfice cumulé de l’ordre de 600 millions de dollars cette année. Il s’agit, certes, du double des bénéfices enregistrés l’année dernière, mais il est évident que les faibles marges des opérateurs de la région continueront encore de peser sur les dépenses de MRO pendant encore quelque temps.
Différents intervenants participant aux conférences Airline E&M la veille du salon ont d’ailleurs pointé du doigt les différentes difficultés que connait le secteur dans la région. Si les trois grandes compagnies de la région (Emirates, Qatar Airways, Etihad) ont développé d’importantes capacités internes pour accompagner la croissance de leurs flottes (400 nouveaux avions sont attendus par les ME3 dans les cinq prochaines années), les MRO indépendants ont toujours des difficultés à trouver leur marché. Pour Frédéric Dupont, VP Technical Sales chez Etihad Airways Engineering, c’est d’autant plus vrai qu’un nombre important de travaux de maintenance sont finalement effectués hors de la région (OEM…), « de vrais opportunités manquées » selon lui alors que tous pourraient imaginer des formes de coopérations pour accroître les capabilités de la région.
Autre sujet d’inquiétude récurrent, et non des moindres, les difficultés à former et à trouver des compétences, alors qu’au même moment les coûts des personnels qualifiés explosent. « Le Moyen-Orient n’est plus une région donnée, comme peuvent l’être l’Inde ou la Chine » témoigne Frédéric Dupont. Le constat est d’ailleurs le même pour Ziad Al-Hamzi, le PDG de Lufthansa Technik Middle East qui souligne aussi que retenir le personnel qualifié est une vraie difficulté. Le problème touche même directement l’Autorité générale de l’aviation civile des Émirats Arabes Unis (GCAA), comme l’a expliqué Aqeel Al Zarouni, son directeur de la navigabilité, qui connait aussi les mêmes difficultés pour trouver et retenir un nombre suffisant d’inspecteurs. « C’est un marché ouvert, nous ne voulons pas nous isoler de l’industrie » a-t-il concédé.
Une présence française record au salon MRO Middle East
La présence française était sans doute de loin la plus importante du salon MRO Middle East cette année. Safran Nacelles a annoncé de nouveaux contrats qui seront mis en place via Aerostructures Middle East Services (AMES) sa joint-venture avec AFI KLM E&M (lire l’interview d’Alexandre Mule).
Safran Aircraft Engines n’était pas en reste avec la présentation de sa plateforme B.SIde destinée à améliorer le travail collaboratif lors d’une inspection boroscopique (BSI). Une nouvelle évolution de l’outil sera disponible en avril prochain et permettra par exemple aux opérateurs et aux sociétés MRO de pouvoir partager leurs informations avec les experts du motoriste via le cloud, lorsque leurs inspecteurs connaitront des difficultés à diagnostiquer des situations nouvelles par exemple.
La société française Finaero est pour sa part revenue sur ses deux grandes activités présentes à Dubaï, à savoir ses gigantesques futures installations de mise en peinture compatible A380 (STTS) à Dubai South et sur son atelier d’aménagement intérieur AIP-Greenline de Jebel Ali.
L’édition 2018 du salon MRO Middle East a d’ailleurs vu un nombre record de sociétés françaises regroupées sous le pavillon Business France, avec 22 entités dont 6 nouvelles, à savoir AAA, Aerobay, Air Support, AMC Aviation, Mazères Aéro Equipment et S.I.E.R.
Le Journal de l’Aviation reviendra d’ailleurs en détail sur la présence de Finaero à Dubaï et sur l’activité de S.I.E.R dans de prochains articles.