C’est encore une véritable théorie des dominos qui se poursuit en Europe pour le F-35, poussée par une attirance flagrante, et sans doute logique, à une profonde dépendance au parapluie américain pour certains pays face à la Russie. Après le Royaume-Uni, l’Italie, la Norvège, les Pays-Bas, la Pologne, la Suisse et la Finlande, d’autres pays semblent désormais acquis au chasseur de cinquième génération de Lockheed Martin.
Selon les récentes déclarations de son President Klaus Iohannis, la Roumanie envisage maintenant sérieusement d’acquérir des F-35A pour moderniser sa flotte, une préférence évidemment amplifiée par les récentes tensions apparues en mer Noire avec la crise entre la Russie et l’Ukraine.
La Grèce va très certainement aussi en faire de même avec 24 exemplaires déjà annoncés, alors qu’Athènes vient à peine de réceptionner ses 6 premiers Rafale sur les 24 prévus au total (avec la commande de 6 exemplaires supplémentaires à confirmer). Il est ici aussi question d’OTAN, d’interopérabilité ; mais aussi de la menace des systèmes S-400 Triumph déployés en Turquie.
Autre cible, et non de moindre, l’Allemagne qui pourrait désormais remettre en cause une partie des 45 F-18 (Super Hornet et Growler) attendus pour remplacer ses Panavia Tornado avant 2030, des appareils aptes à emporter aujourd’hui la vingtaine de bombes nucléaires B61 mises à disposition par les Etats-Unis à l’OTAN et stockées sur le sol allemand.
Les F/A-18F devaient initialement assurer cette tâche, mais la National Nuclear Security Administration américaine a évacué l’avion de Boeing de la liste des appareils qui devaient être compatibles en novembre, la capacité d’emport de la bombe B61-12 étant pour sa part en cours de certification sur le F-35A. La nouvelle coalition allemande s’est évidemment emparée du dossier et entend désormais réexaminer l’acquisition du Lightning II, une solution écartée en avril 2020 au profit du F-18, notamment pour sauver le programme du Système de combat aérien du futur (SCAF).
Quant à l’Espagne, qui a fortement démenti l’idée d’acquérir 50 F-35 en novembre dernier suite à la fuite d’une demande d’information auprès de l’avionneur américain, le remplacement des AV-8B Harrier II de l’Armada espagnole semble évident. Difficile d’imaginer l’Espagne sabrer les capacités opérationnelles de son LHD Juan Carlos I d’ici 10 ans alors que le SCAF ne proposera pas d’alternative au F-35B de toutes façons. Les prochaines échéances législatives en Espagne tombent d’ailleurs l’année prochaine…