Léo Delluc, 19 ans, vient d’obtenir son bac professionnel technicien en chaudronnerie industrielle (TCI). En apprentissage durant trois années chez les Compagnons du Devoir à Colomiers, il a réalisé son stage au sein de l’entreprise toulousaine CTIC, spécialisée notamment dans la chaudronnerie inox, acier et aluminium à destination de l’industrie aéronautique.
« J’étais 6 semaines en formation en entreprise et 2 semaines en formation au C.F.A. Parallèlement à ma formation en entreprise, je suivais des cours théoriques le soir et le week-end des cours pratiques enseignés par les Compagnons du Devoir, témoigne Léo. Au terme de ma deuxième année, j’ai obtenu un C.A.P Réalisation en Chaudronnerie Industrielle et un bac Technicien en Chaudronnerie Industrielle, à la fin de ma troisième année », continue-t-il.
À peine sa formation terminée et quelques CV envoyés, Léo est très rapidement contacté par deux sociétés d’intérim – Toulouse intérim aéronautique et Crit. Chacune lui proposant deux postes dans des entreprises aéronautiques basées dans la ville rose, Léo a eu l’embarras du choix.
Le métier de chaudronnier aéronautique fait partie de la longue liste des métiers industriels en tension. L’offre est supérieure à la demande, quelle que soit la conjoncture. Pour cause, il s’agit d’une spécialité méconnue du grand public, plus particulièrement des jeunes, comme le témoigne Léo : « Avant de venir à Toulouse, j’habitais à Cahors, où le métier de chaudronnier n’existe pas. Je n’en avais jamais entendu parler. C’est lorsque je suis arrivé à Toulouse que j’ai découvert le métier. Je l’ai tout de suite trouvé intéressant ».
À l’image de chaudronnier, les autres métiers industriels aéronautiques en tension, tels que soudeur, câbleur, fraiseur, sont victimes d’idées reçues désuètes : trop mal payés, trop salissant, trop dangereux, trop usant… Les enjeux de recrutements sont importants sur ces postes, puisqu’il faudra remplacer les nombreux départs à la retraite dans les prochaines années.
Pour anticiper ces départs à la retraite, mais aussi pour répondre aux besoins en recrutement des PME, à court et moyen terme, les acteurs industriels ont décidé de s’attaquer aux racines du mal à travers des campagnes de communications permettant de remettre les métiers « pénuriques », à l’instar de chaudronnier aéronautique, au goût du jour.
Ainsi, en juin dernier, le Centre technique des industries mécaniques (Cetim), créé par la Fédération des Industries mécaniques (FIM) et son centre d’expertise R&D, a lancé une vaste campagne de communication à destination des jeunes. L’objectif étant de promouvoir les métiers de l’industrie de la mécanique qui, selon le Cetim, aurait besoin de plus de 40 000 personnes qualifiées par an sur les cinq prochaines années, tous secteurs d’activité confondus. Chaudronnier, tuyauteur, usineur, soudeur maintenance…, toutes ces fonctions sont concernées.
De son côté, le Syndicat de la chaudronnerie, tuyauterie et maintenance industrielle a lancé un site internet dédié à ces métiers afin de les faire découvrir aux jeunes et à leurs parents. Le syndicat estime les besoins en recrutement de chaudronnier, tuyauteur et soudeur à 5 000 par an dans les principaux secteurs d’activité, dont l’aéronautique et le spatial.
Slicom soutient la formation en chaudronnerie aéronautique La société Slicom Aero, spécialiste notamment des sous-ensembles mécaniques et du traitement de surface, a récemment mis en place une formation en chaudronnerie aéronautique à Clermont-Ferrand. D’une durée de 6 mois, ce cursus a déjà permis à 13 personnes de se diplômer en juillet dernier. Douze d’entre elles ont immédiatement trouvé un travail, pour la plupart dans l’entreprise Slicom. Cette initiative a été soutenue par Greta et Pôle Emploi. |
Le métier
Le chaudronnier aéronautique n’est pas celui qui fabrique des chaudrons. Bien au contraire. Il [ou elle] fabrique, en atelier, des pièces d’avion à partir de feuilles ou de tiges en aluminium, en titane… Pour ce faire, il se sert de machines-outils ou de presses numériques pour réaliser les tâches répétitives. Doté d’une très grande dextérité, d’une précision dans ses gestes et d’un savoir-faire, le chaudronnier aéronautique fabrique également les pièces d’avion manuellement à l’aide d’outils comme le marteau ou le maillet. Selon René Gnalili, chaudronnier aéronautique chez Sotumec, société implantée en Haute-Normandie et spécialisée dans la chaudronnerie-tuyauterie, « le plus important dans le métier c’est la lecture de plans, la discipline, le respect des règles et la sécurité. »
La formation
Cinq voies peuvent mener au métier de chaudronnier aéronautique : un C.A.P Réalisation en Chaudronnerie Industrielle, un bac professionnel Technicien en Chaudronnerie Industrielle, un BTS Conception et Réalisation en Chaudronnerie Industrielle, un Certificat de Qualification Paritaire de la Métallurgie (CQPM) Opérateur en chaudronnerie, Chaudronnier aéronautique ou Technicien en chaudronnerie et Tuyauterie, et enfin via l’Association nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA). Deux campus AFPA en France dispensent la formation de chaudronnier aéronautique, à Balma (Midi-Pyrénées) et à Saint-Nazaire (Pays de la Loire)*.
Le salaire
En moyenne à l’embauche, un chaudronnier aéronautique débutant touche un salaire équivalent au SMIC. En fin de carrière, le salaire minimum net mensuel est de 2 000 euros. Pas très élevé, le salaire est souvent la première cause qui freine les embauches. Le parcours de René, ancien tuyauteur à la Snecma, qui s’est reconverti chaudronnier il y a plus d’un an, illustre cette réalité : « A la suite de mon stage de 3 semaines au sein de l’entreprise Fouré Lagadec à Rouen, j’ai été embauché en CDI. J’ai dû démissionner au bout de 6 mois, car le salaire n’était pas élevé. Aujourd’hui chez Sotumec, je suis payé 13,50 euros l’heure pour 37 heures de travail hebdomadaire. C’est nettement mieux ». Comme René, d’autres chaudronniers n’hésitent pas à démissionner si le salaire est trop bas, car retrouver un poste dans une autre société de chaudronnerie n’est pas difficile puisque les offres, « il y en a plein. On m’appelle de gauche à droite », se réjouit René.
(*) Les prochaines formations auront lieues du 01 /10 /2012 au 14 /12 /2012 à Balma et du 29 /10 /2012 au 12 /06 /2013 à Saint-Nazaire. Pour postuler, il suffit de se rendre sur le site de l’AFPA.