Crouzet Aerospace, l’activité aéronautique de la société drômoise Crouzet, et l’américain Kavlico Position & Force ont été réunis en avril dernier sous l’entité « Switches, Position & Protection » (SPP) du groupe CST (Custom Sensors & Technologies). Profitant d’une visite du site industriel de Crouzet à Valence, le Journal de l’Aviation fait le point sur les différentes gammes de composants aéronautiques proposées par les deux sociétés et sur les nouveaux marchés visés.
Des activités très complémentaires
Crouzet Aerospace s’est spécialisé dans trois domaines : les capteurs de position de fin de course (switches), les éléments de protection électrique (disjoncteurs) et les équipements de cockpit (volants, poignées et boutons). Son marché est principalement tourné vers l’Europe (90% du CA de Crouzet Aerospace), notamment pour les programmes Airbus et Eurocopter, et vers le civil (90% du CA). De son côté et comme son nom l’indique, Kavlico Position & Force se consacre aux capteurs de force et aux détecteurs de mouvement (transducteurs différentiels à variation linéaire et circulaire). Kavlico est très majoritairement présent sur le marché nord-américain et la part de ses activités liées à des programmes de défense est plus importante (35% du CA).
Regroupées sous la direction de David Arragon, les activités aéronautiques de la nouvelle business unit « Switches, Position & Protection » de CST ont réalisé un chiffre d’affaires global de 110 millions de dollars en 2012. Crouzet possède deux lignes de production : celle de Valence (100 000 composants aéronautiques produits par an, dont des très petites séries) et de Casablanca (500 000 éléments primaires) afin d’abaisser ses coûts. Comme le souligne David Arragon, son partenaire américain Kavlico « a exactement la même approche », produisant à Moorpark (Californie), siège de CST, mais aussi à Tijuana (Mexique) pour ses produits à plus faible valeur ajoutée.
Pour David Arragon, la réunion des deux entreprises va permettre de dégager des synergies au niveau commercial et augmenter la visibilité des produits des différentes entités sur les marchés sur lesquels elles sont le moins présentes. CST présentera d’ailleurs ses deux marques aéronautiques sous un stand commun sous l’ombrelle du GIFAS lors du prochain salon du Bourget.
Des composants de plus en plus complexes
Les composants aéronautiques produits par Crouzet ont connu une évolution majeure au cours des 50 ans d’activité de l’entreprise drômoise, devenant de plus en plus complexes et toujours plus adaptés aux besoins des clients, à l’image des capteurs de position des inverseurs de poussée très présents sur la gamme Airbus. Comme l’a souligné Michel Rozières, en charge des produits « Détection » chez Crouzet, ces composants sont essentiellement « mono-utilisateurs et mono-clients », l’application la plus parlante étant le très spécifique capteur de positionnement de la queue repliable de la version embarquée du NH90 (Caïman).
Michel Rozières a également révélé que des négociations étaient actuellement en cours dans le but d’équiper le programme 737 MAX de Boeing, Crouzet Aerospace ne participant aujourd’hui que « de façon anecdotique » aux derniers programmes de l’avionneur américain (787 et 747-8).
Dans le domaine des grips et volants, la société drômoise s’est aujourd’hui hissée à la première place mondiale avec plus de 3000 pièces produites par an, équipant notamment les appareils Phenom d’Embraer ou toute la gamme Eurocopter. Du simple bouton, Crouzet s’est progressivement attaquée aux volants en aluminium pour arriver aujourd’hui à des éléments beaucoup plus complexes, à l’instar des volants composites thermoplastiques – fibre de verre gainés cuir destinés au très luxueux Global Express de Bombardier, ou encore aux manches multifonctions des hélicoptères de combat Tigre d’Eurocopter, garnis de nombreux boutons et gâchettes.
Portrait : Dominique-Robert Meux, président au sein de l’ASD-STAN
Dominique-Robert Meux « torture » aujourd’hui de nombreuses protections électriques et notamment des disjoncteurs à détection d’arc dans un laboratoire dédié du site de Valence, grâce à des puissances pouvant atteindre 6000A. « J’adore ce qu’il se passe dans notre laboratoire d’essais ; on y voit des choses étonnantes. Je suis un vrai geek ! », s’enthousiasme Dominique-Robert Meux, le sourire jusqu’aux oreilles. Le secteur 5 de l’ASD-STAN vise notamment à encadrer les innovations en matière de protection électrique à bord des aéronefs. C’est dans ce contexte que Crouzet a su apporter une nouvelle solution de protection pour le nouveau Dauphin N3e d’Eurocopter en supprimant l’ensemble du câblage électrique interne du panneau de disjoncteurs, améliorant ainsi la fiabilité de ce type d’équipement tout en réduisant sa masse. « Ce panneau a été réalisé en moins de 18 mois grâce à nos échanges au sein de l’ASD-STAN », précise Dominique-Robert Meux, mettant ainsi en lumière l’intérêt d’une participation directe dans l’organisme européen. |