Nous y sommes. Le transport aérien est entré dans le pic de la saison été, traditionnellement la meilleure période de l’année, celle que tous les acteurs ont attendue avec impatience depuis l’automne dernier, celle dans laquelle ils ont placé tous leurs espoirs de redémarrage après avoir tiré un trait sur le printemps.
Surfant sur l’euphorie des déconfinements progressifs en Europe permis par la progression de la vaccination contre la covid, ces dernières semaines ont vu une succession d’annonces sur des programmes de vols renforcés, parfois restaurés à leur niveau d’avant crise sur certains secteurs, parfois le dépassant même. Et le public a répondu présent, souhaitant laisser derrière lui ces périodes où son horizon le plus lointain ne dépassait pas les 10 km : les recherches de voyage et réservations de billets de vol n’ont fait qu’augmenter depuis le mois de mai.
Mais peut-on s’autoriser à croire que la reprise est enfin amorcée sur le continent ? Cette vague d’optimisme est en train de se heurter à celle des contaminations au variant Delta, qui commence à inciter certains gouvernements à réinstaurer des restrictions (le Royaume-Uni avait repoussé la dernière étape de son déconfinement, le Portugal a rétabli un couvre-feu, Malte interdit son île aux non vaccinés…), à la menace de nouveaux variants et à la fermeture persistante des frontières sur le long-courrier, alors que les Etats-Unis en premier lieu tardent à ouvrir leurs frontières aux Européens.
Indépendamment de ces considérations purement sanitaires, la réalité à laquelle les acteurs du transport aérien vont devoir se confronter est toujours aussi complexe. La mise en place du certificat covid numérique européen devait permettre de faciliter les déplacements des personnes, au moins dans l’Union européenne. Mais l’obtention du QR code ne se fait pas de la même façon partout, l’interopérabilité des différents passes n’est pas toujours en place, leur vérification non plus, les compagnies ne sont pas encore toutes équipées pour vérifier les certificats de vaccination, de test PCR, ou de guérison, les pays continuent de faire évoluer leurs restrictions sans consultation et d’imposer chacun leurs règles, pour entrer et pour y vivre.
Une complexité qui pourrait décourager les aspirants voyageurs et ne favorise pas de toute façon les opérations. Depuis plusieurs semaines, compagnies et aéroports tirent la sonnette d’alarme sur l’inévitable saturation des aéroports, même avec un nombre de voyageurs réduit, le poids des nouvelles mesures s’ajoutant à la limitation des capacités aéroportuaires puisque des terminaux sont toujours fermés. L’IATA a calculé que le temps de contrôle pourrait parfois atteindre douze minutes par passager.
Pour autant, personne en Europe n’est prêt à renoncer complètement à la saison touristique, même si l’on voit les discothèques fermer en Catalogne et aux Pays-Bas et si le passe sanitaire est étendu en France : l’été sera forcément meilleur que les mois qui viennent de passer. Tout ne se déroulera pas dans des conditions optimales et il va falloir composer avec beaucoup de frustration. En revanche, l’horizon qui s’offre pour l’automne est aussi terne que le ciel parisien ces jours-ci, et le risque que l’élan estival soit brisé net à la rentrée persiste à ne pas s’effacer.

