Alors que l’industrie aéronautique française entre désormais dans le « dur » de la crise, le plan d’aide de la filière dévoilé ce matin par le gouvernement à Bercy semble avoir reçu un accueil unanime des décideurs du secteur et notamment un profond soutien du PDG d’Airbus Guillaume Faury. Selon lui, « le plan annoncé par la France est fort, adapté aux enjeux » alors que le groupe européen et l’ensemble de sa chaîne de fournisseurs subissent de plein fouet les effets des reports de livraisons pour ses gammes d’avions commerciaux et d’hélicoptères civils.
Il faut dire que quelques heures plus tard, l’IATA venait affiner ses dernières projections avec une perte cumulée probable de 84 milliards de dollars sur l’année pour le transport aérien, l’équivalent de 230 millions de dollars par jour – la pire année financière de toute l’histoire de l’Aviation.
Évidemment le CO2 n’y est strictement pour rien et la reprise d’une très grande partie de l’activité industrielle aéronautique va tout simplement dépendre de la santé financière des compagnies aériennes, de leur niveau d’endettement, du degré de confiance des passagers et du retour à la croissance des PIB un peu partout sur la planète.
Les moyens financiers importants concentrés sur la recherche liée aux futurs avions « décarbonés » sont évidemment bienvenus, alors que les industriels ont été contraints de sabrer leurs dépenses de R&D pour pallier le plus urgent, d’autant plus qu’ils se sont déjà engagés, au côté des compagnies aériennes, à réduire de 50% les émissions de dioxyde de carbone d’ici 2050 par rapport au niveau de 2005. Une réelle incitation à renouveler les flottes d’appareils plus rapidement, en particulier en Europe, aurait été une mesure de bon sens pour sortir plus rapidement de la crise.
Mais voilà, si les projets annoncés comme celui du successeur de l’A320 (neo ?) affichant un gain de consommation de carburant de 30%, compatible avec un passage à l’hydrogène comme carburant ou celui d’un nouvel appareil régional ultrasobre et hybride électrique, voire fonctionnant à l’hydrogène, laissent bien entendu songeur, leur date de mise en service, bien qu’annoncée au conditionnel, ne sont tout simplement pas réalistes, et pas seulement à cause de l’accélération scientifique nécessaire à un tel saut technologique.
Bien sûr, avionneurs et motoristes en rêvent, mais pas sûr que les compagnies aériennes, loueurs, institutions financières et acteurs de l’après-vente soient du même avis quand ils renoueront avec les bénéfices, alors que la gamme d’avions commerciaux d’Airbus a été entièrement renouvelée au cours des cinq dernières années.
Ce « et en même temps » laisse finalement une impression de communication politique qui vient un peu gâcher l’optimisme qui découle des mesures économiques ô combien nécessaires de ce plan de soutien.

