La France, comme beaucoup d’autres pays à travers le monde, va vivre des moments difficiles durant ces prochaines semaines. Les notions de « quarantaine », de « couvre-feu », de « confinement » sont assurément anxiogènes, tant ces situations de crise ont largement disparu de nos vieilles démocraties en paix.
Il en va évidement d’abord de notre santé, de celles de nos proches, de celles de tous ceux qui nous sont chers, et ce sera long, très certainement beaucoup plus long que ce qui nous est annoncé. Il suffit pour cela de prendre un peu de recul et de regarder un peu plus attentivement ce qu’il se passe ailleurs dans le monde.
C’est d’ailleurs sans doute ce qui a manqué à notre vieille Europe depuis deux mois, elle qui se disait, ou plus grave se croyait, prête face à l’épidémie et alors qu’aucune mesure de bon sens n’a été prise dans ses principaux aéroports, ne serait-ce que pour freiner un tant soit peu la contagion. Aucune caméra thermique n’est présente à l’arrivée des grands hubs alors que cela s’est généralisé à toute l’Asie depuis le début de la crise. Dans cette partie du monde, les prises de températures sont même désormais obligatoires dans de nombreux aéroports et font partie des données inscrites sur les cartes d’embarquement avant chaque départ. Bien sûr, cela n’aurait pas empêché la diffusion du nouveau coronavirus aux quatre coins de la planète, mais sa propagation aurait été ralentie.
L’essor du transport aérien a considérablement réduit les distances depuis des décennies et c’est une très bonne chose, même si des aspects des fameuses thèses de la décroissance peuvent être aussi entendus dans le cadre de la préservation de notre environnement.
Mais aujourd’hui les enjeux sont tout autres. Après le cataclysme boursier de ces derniers jours qui s’annonce déjà au moins aussi grave que celui de la faillite de Lehman Brothers en 2008, c’est le monde de l’économie réelle qui est aujourd’hui vulnérable, avec des conséquences inévitables sur les finances des entreprises et sur celles des ménages.
Pour l’industrie du transport aérien, il est désormais admis que la chute vertigineuse de trafic ne prendra définitivement pas la forme d’une courbe en « V shape », tant le nombre des régions touchées est important, et avec pour chacune un décalage temporel de l’ordre d’un mois. Le retour à des niveaux de trafic d’avant crise est encore aujourd’hui totalement illusoire et difficilement imaginable avant le troisième trimestre de cette année, c’est-à-dire cet été, et en prenant l’hypothèse que l’économie mondiale réelle ne sera pas durablement impactée et que les réticences à voyager ne seront pas durables. Le transport aérien mondial serait alors plus impacté qu’avec le scénario le plus pessimiste présenté par l’IATA début mars, l’année 2020 pouvant alors présenter un niveau de trafic de passagers largement en baisse, équivalent à celui enregistré il y a plusieurs années.
Pour l’industrie aéronautique, les effets des difficultés financières des compagnies aériennes devraient aussi se montrer assez rapidement, avec des reports de commandes et surtout de livraisons qui pourraient bien apparaître dès les prochaines semaines. Le secteur du long-courrier est évidemment le plus à craindre, avec de nombreux appareils cloués au sol sur des périodes annoncées pour certains jusqu’à l’hiver prochain. Pour rappel, le marché civil représente plus des trois quarts de l’activité de l’industrie aéronautique en France.
