Le départ annoncé d’Alexandre de Juniac pour l’IATA en juillet prochain est ressenti comme un véritable tremblement de terre au sein Air France-KLM. Le groupe franco-néerlandais recherche un nouveau PDG, sans doute aussi une nouvelle stratégie, mais les espoirs seront vite déçus.
La course à la succession a d’ailleurs déjà bien commencé, le vainqueur devant être connu en théorie lors de la prochaine assemblée générale du groupe le 19 mai. Beaucoup de noms circulent aujourd’hui, certains franchement bien farfelus, et il n’est pas sûr que celle ou celui qui sera nommé à la tête du groupe soit un spécialiste du transport aérien.
La tentation est en effet grande pour le gouvernement de placer ses pions, à seulement un an des prochaines élections présidentielles. Car qu’on le veuille ou non, la nomination à la tête de la direction d’Air France-KLM reste éminemment politique, même si l’État ne détient plus que 17,6% du capital, ce qui ne manquera pas de ravir une nouvelle fois la direction et les salariés de la compagnie néerlandaise.
Le dialogue social sera très probablement aussi de la partie, la poursuite des négociations avec les principaux syndicats de pilotes restant l’un des dossiers chauds d’Air France, sans doute un petit peu trop dans le domaine du symbole aujourd’hui, la productivité des PNT n’expliquant évidemment pas à elle seule le manque de compétitivité d’Air France face à ses grands concurrents européens, notamment avec la compagnie allemande Lufthansa*.
Bien entendu, on pourrait penser que rien ne presse, notamment avec l’embellie apportée par la baisse du cours du carburant ou par la parité euro/dollars. Le nouvel échec des négociations des pays de l’OPEP à Doha ne va pas vers une stabilisation des cours, ce qui devrait encore améliorer les résultats financiers d’Air France-KLM cette année, tant que la conjoncture économique permet de remplir les classes à haute contribution…
L’arrivée d’un nouveau PDG à la tête d’Air France-KLM ne va certainement pas influer sur la stratégie de reconquête conduite par Alexandre de Juniac, le fameux plan « Perform 2020 ». Les solutions destinées à réduire l’écart des coûts avec ses principaux concurrents sont archiconnues de tous.
Le plus difficile sera de maintenir le cap.
(*) Les capacités passagers d’Air France combinées à celles de HOP! sont très proches de celles de Lufthansa (ASK), avec une structure de réseau comparable.