Si l’accident de GOL avait sensibilisé les Brésiliens aux problèmes du transport aérien dans leur pays, celui de TAM les a complètement réveillés. Le Président Luiz Inacio Lula da Silva a remercié son ministre de la Défense et ami Waldir Pires le 25 juillet pour le remplacer par Nelson Jobim. A lui d’imposer les mesures nécessaires à l’assainissement et la sécurisation du trafic aérien au Brésil.
Nelson Jobim a du pain sur la planche. Ancien Président de la Cour Suprême, il n’a aucune expérience de l’aviation ni d’autorité dans l’armée, responsable du contrôle aérien. Il devra pourtant faire face au chaos qui règne depuis des mois dans le ciel brésilien. Celui-ci s’est déclenché après le 29 septembre 2006 et la collision entre un Boeing 737-800 de GOL et un appareil d’affaires Legacy 600 au-dessus que la forêt amazonienne, causant la mort de 154 personnes. Un problème de détection radar et de communication entre les appareils et les contrôleurs pourraient être en partie responsables du drame.
Depuis, les contrôleurs aériens manifestent régulièrement pour demander davantage de moyens et des augmentations de salaire. Selon eux, l’équipement de communication radio est dépassé et la couverture radar est plus que défaillante. Annulations et retards sont devenus monnaie courante dans le pays, très dépendant du transport aérien. Cette situation s’est encore aggravée depuis le 17 juillet et l’accident de l’Airbus A320 de TAM à l’aéroport de Congonhas, qui a fait 199 victimes. Car certains pilotes ont ajouté un peu d’huile sur le feu en refusant d’atterrir à cet aéroport de Sao Paulo par temps de pluie.
Les premières mesures
Cette fois, le gouvernement a été obligé de réagir. Le ministère de la Défense a annoncé différentes mesures le 20 juillet, visant à réformer le trafic aérien au Brésil et à Congonhas dans un premier temps. Ainsi tous les droits de décollage et d’atterrissage à Congonhas vont être redistribués dans les deux mois à venir. Le but est d’ôter sa fonction de hub à l’aéroport situé au cœur de Sao Paulo. Les vols de correspondances vont être interdits au profit des vols « point à point », ainsi que les vols charters. Le nombre de décollages va également y être réduit.
L’application de ces premières mesures a déjà commencé. L’ANAC (Agence Nationale de l’Aviation Civile) a interdit aux compagnies de vendre des billets pour des vols décollant ou atterrissant à Congonhas le 24 juillet jusqu’à ce que les opérations y soient régularisées, afin d’être sûre que les passagers qui sont déjà en possession de leur billets puissent embarquer. TAM et GOL, les deux principales compagnies brésiliennes, ont dû annuler des douzaines de vols et en reprogrammer autant. A partir du 30 juillet, la plupart des liaisons opérées vers Congonhas sont redirigées vers Guarulhos ou supprimées.
Infraero, la société gérant les aéroports brésiliens, va donc devoir trouver des créneaux. Elle a été chargée par le ministère de la Défense de remettre un plan d’expansion et de réorganisation des aéroports de Sao Paulo. En attendant, elle récupèrera ceux mobilisés par des compagnies en faillite ou en restructuration. Il s’agira là de solutions à court et moyen terme car la principale mesure sera de doter la ville du sud du Brésil d’un troisième aéroport commercial. L’ANAC et le ministère ont trois mois pour en définir le site de construction.