Les résultats financiers présentés par Rolls-Royce la semaine dernière sont sans appel. Le motoriste britannique est bien sorti de sa période noire avec l’arrivée de Tufan Erginbilgic à sa tête depuis 2 ans. Les commandes de gros moteurs explosent (494, book to bill > 1.8), les services aussi (les heures de vol dépassent le niveau de 2019 pour la flotte Trent), et l’action boursière a littéralement plus que quadruplé en deux ans.
Mieux, Rolls-Royce réalise maintenant quelque 3 milliards d’euros de bénéfice et cela va s’amplifier dans les prochaines années.
Le motoriste s’est aussi lancé dans un vaste plan visant à améliorer la durabilité de la gamme Trent, en particulier sur les Trent 1000-TEN (Boeing 787) et Trent XWB-84 (Airbus A350-900) qui vont voir leur « time-on-wing » augmenter de 80% d’ici fin 2027. Le motoriste continue aussi à travailler sur la version dédiée aux A350-1000 et A350F (Trent XWB-97) avec des modifications importantes à venir au niveau des aubes de la turbine haute pression, ce qui permettra de doubler le temps entre les révisions, en particulier dans les conditions opérationnelles difficiles du Moyen-Orient.
Mais dans le même temps, certaines compagnies aériennes désespèrent avec leur flotte de 787 équipées en Trent 1000, un moteur qui nécessite près de trois fois plus de maintenance que prévu et qui continue à peser sur leurs opérations. Un nombre important de nouveaux 787 enregistrés par Boeing ces dernières années devraient logiquement être équipés de GEnx (la question se pose toujours pour El Al et Royal Brunei, client de Rolls-Royce pour leurs précédents exemplaires). Emirates (et Flydubai) n’ont d’ailleurs toujours pas annoncé leur choix, du moins publiquement.
C’est en revanche moins vrai pour la compagnie japonaise ANA, client de lancement du Trent 1000, qui vient de se tourner vers GE Aerospace pour ses nouveaux Dreamliner la semaine dernière, nouveau coup de semonce pour Rolls-Royce. On entend que Gulf Air pourrait aussi faire de même pour sa future commande de 787…
La bourse, la rentabilité et les promesses c’est bien. Mais Rolls-Royce est-il finalement prêt à se détourner complètement de Boeing ?