C’est Doug Steenland qui, en l’honneur de sa compagnie, a sonné l’ouverture de la Bourse new-yorkaise aujourd’hui. En effet, le 31 mai a marqué le retour de Northwest Airlines sur le marché boursier et donc la fin de son placement sous le régime du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites. La compagnie américaine avait recouru à cette protection contre ses créanciers en septembre 2005, en même temps que Delta Airlines.
Durant ces vingt mois à devoir demander l’accord du tribunal à chaque décision prise, Northwest Airlines a pu se restructurer. Elle a diminué les capacités de sa flotte de 10%, son endettement de 4,2 milliards de dollars et réduit ses coûts de fonctionnement de 2,4 milliards de dollars, notamment grâce à la modernisation de sa flotte, dont le remplacement de ses DC-10 par des Airbus A330.
Mais l’avenir n’est pas encore rose pour la compagnie. En effet, elle va devoir poursuivre ses efforts si elle veut enregistrer un bénéfice net en 2010 et un chiffre d’affaires de 14 milliards de dollars, conformément à ses prévisions. La conjoncture est certes redevenue favorable mais le prix du carburant ne semble pas plus vouloir faiblir que la concurrence des compagnies à bas coûts sur le réseau domestique américain.
Et Northwest n’a pas vraiment ses employés de son côté. Malgré les difficultés de la compagnie, différents syndicats ont agité les salariés ses dernières années en réaction aux sacrifices que la compagnie leur demandait. A l’arrivée, 1,4 milliard des 2,4 milliards de dollars de réduction des coûts réalisés sont dus aux efforts des employés sur les salaires, le non renouvellement des postes… Ceux-ci ont donc moyennement apprécié que, pour fêter l’événement, les 400 plus hauts dirigeants se réservent 5% des nouvelles actions, soit environ 297 millions de dollars.
Cependant, cette journée reste emblématique. Car la compagnie américaine est la dernière à quitter le chapitre 11, signe du démarrage d’un nouveau cycle de croissance. Depuis le début des années 2000, le transport aérien aux Etats-Unis connaît en effet une dépression qui s’est transformée en véritable hécatombe après les attentats du 11 septembre 2001 et la flambée des prix du pétrole. Quatre des cinq plus grandes compagnies se sont réfugiées sous la protection de la loi, sans parler des plus petits transporteurs. Seule American Airlines est parvenue à s’en préserver, a pu réaliser les mêmes réductions de coûts et redevenir bénéficiaire en 2006 sans se départir de son indépendance. Mais toutes en sont arrivées aujourd’hui au même point : oublier la crise, la faillite et tourner une nouvelle page de l’histoire du transport aérien.