Le débat fait rage entre pilotes européens et contrôleurs français. Depuis plusieurs semaines, les premiers ont constaté une difficulté croissante à obtenir l’autorisation du contrôle aérien de déroger au plan de vol pour optimiser leur trajectoire et pointent du doigt une grève du zèle de la part des contrôleurs. Par l’intermédiaire d’un communiqué du syndicat UNSA-ICNA diffusé le 6 juillet, ceux-ci nient toute grève du zèle (la qualifiant d’imaginaire) et expliquent que cette situation est due à l’importance et aux conditions particulières du trafic cet été.
Selon les PNT, les contrôleurs auraient décidé d’appliquer à la lettre les procédures, notamment en refusant toute modification par rapport au plan de vol déposé – qu’il s’agisse de vitesse, de niveau de vol ou de trajectoire – même lorsque les conditions pourraient le permettre, mettant de côté leur mission de fluidifier le trafic. Ils protesteraient ainsi contre la nouvelle obligation légale de pointer lors des astreintes, qui limite les abus liés au système de clairance mis en place dans les centres de contrôle. Il s’agit d’une gestion pas toujours officielle de l’organisation des équipes qui permet notamment à un contrôleur de ne pas se présenter ou de quitter prématurément la tour lorsque le trafic prévu est faible.
Les pilotes peuvent demander à modifier leur vol une fois le devis de masse de l’appareil connu, les caractéristiques de l’appareil étant modifiées suivant le nombre de passagers à bord. Ceci peut par exemple impliquer un niveau de vol optimal différent de celui plannifié lors du dépot du plan de vol.
Un mouvement similaire aurait également lieu en Espagne. Les contrôleurs espagnols n’auraient toutefois pas le même objectif, leurs revendications portant davantage sur le maintien de leur niveau de salaire.
L’UNSA-ICNA (Syndicat National Autonome des Ingénieurs du Contrôle de la Navigation Aérienne) a répondu à ces accusations en publiant un communiqué. Le syndicat y explique que la demande estivale « peut excéder ponctuellement la capacité offerte par le contrôle aérien, ce qui est à l’origine [de la mise en place] de « créneaux » (et donc de retards) pour lisser cette demande et éviter que les secteurs de contrôle se retrouvent en surcharge. »
« Cette année, ce phénomène est accentué par deux facteurs : d’une part, la météo très défavorable avec de nombreux orages (qui doivent être évités et limitent donc la place disponible pour passer les avions) et de l’autre les conséquences de la politique gouvernementale de réduction des effectifs dans la fonction publique. Ainsi, pour la première fois en France depuis de nombreuses années, il n’y a plus assez de contrôleurs aériens pour passer sans délais significatifs les pointes de trafic estivales… »
Toutefois, rien de tel ne se produit en Allemagne, par exemple, où le trafic est également très dense… Grève du zèle ou pas, la tension latente entre certains contrôleurs et certains pilotes révèle un besoin de compromis, qui pourrait être offert par SESAR. Le système de gestion du trafic aérien européen, qui doit être mis en place dans le cadre du ciel unique européen, contenterait toutes les parties. L’un de ses principaux principes, au côté de la sécurité des vols, est la définition de la trajectoire de vol optimale d’un appareil par les usagers et les contrôleurs au moyen d’un intranet accessible sans restriction à tous les opérateurs, aussi bien aux contrôleurs qu’aux pilotes et aux compagnies aériennes. Avec SESAR, la définition du plan de vol pourrait se parfaire quasiment jusqu’à l’heure du décollage.