Embraer a frappé fort en présentant son concept d’avion régional à turbopropulseurs conventionnels qui pourrait judicieusement compléter sa gamme à horizon 2027. Le projet est dans les cartons de l’avionneur brésilien depuis quelques années, mais son positionnement s’est clairement affiné au regard des récentes évolutions du marché pour les appareils de moins de 100 sièges.
Évidemment, une multitude de questions se dressent quant à l’avenir des quelques images d’artiste présentées par Embraer, en particulier sur ses capacités à financer un tel programme, à la présence éventuelle d’un partenaire étranger, à la situation économique qui prévaudra encore quelques années après le déclenchement de la pandémie chez les opérateurs régionaux, souvent les plus fragiles.
D’autant que le calendrier s’annonce particulièrement serré, même pour un gros turboprop utilisant des technologies existantes, Embraer souhaitant logiquement répondre aux importants besoins de connectivité qui réapparaîtront progressivement avec la reprise du transport aérien mondial et en particulier sur le court-courrier.
La fin du programme CRJ chez Bombardier et la mise en sommeil profond du SpaceJet de MITAC sont clairement ici des facteurs qui poussent l’avionneur brésilien à agir. Il peut également parier sur le fait qu’il ne se passera pas grand-chose chez ATR et chez de Havilland Canada pendant encore quelques années, même si l’on sait que l’avionneur franco-italien est déjà en discussion avec ses actionnaires Airbus et Leonardo pour définir sa stratégie à long terme, notamment au regard des avancées technologiques qui pourraient découlées des différents travaux de R&T qui seront lancés en Europe pour concevoir un hypothétique avion commercial zéro émission d’ici 2035.
En attendant, le lancement d’une famille d’avions régionaux turbopropulsés par Embraer s’annonce plus que crédible. Car plus qu’un retour aux sources pour l’avionneur de São José dos Campos, c’est surtout une grande vision de l’avenir de l’aviation qui pourrait définitivement s’imposer sur ce segment de marché, en mettant définitivement un terme à la « jet mania » qui a largement dominé le transport aérien régional durant trente ans, en pleine cohérence avec les besoins de réduction de coût des opérateurs et des objectifs de réduction des émissions carbone.