Le Conseil fédéral suisse a annoncé mercredi vouloir renouveler sa flotte de chasseurs avec l’acquisition de Gripen suédois. « En optant pour le Saab Gripen, le Conseil fédéral a choisi un jet de combat qui remplit les exigences militaires tout en misant sur une solution qui soit financièrement supportable pour le département fédéral de la Défense et pour l’armée, et ce également à moyen et à long terme », a déclaré le Conseil fédéral dans un communiqué. Ce choix s’est fait au détriment du Rafale proposé par Dassault, et de l’Eurofighter, présenté par EADS. Les deux industriels ont exprimé leurs regrets et leur déception dans des communiqués de presse mercredi.
La Suisse va faire l’achat de 22 Saab JAS-39 C/D pour un total de 3,1 milliards de Francs suisses, soit 2,58 milliards d’euros. C’est 1 milliard de moins que ses deux concurrents. Le calendrier prévoit les premières livraisons à partir de 2015, et étalées sur trois ans, notamment pour des raisons budgétaires.
En 2008, la confédération helvétique avait lancé un appel d’offres pour remplacer ses F-5E/F Tiger de l’américain Northrop, dont certains volent depuis 1976.
Le Basler Zeitung a dévoilé la semaine dernière deux rapports confidentiels sur les performances des trois avions en compétition. Dans le premier rapport, datant de 2008, les conclusions de la première phase d’évaluation sont les suivantes : malgré son implication dans toutes les mises en situation, le Gripen a montré de nombreux déficits, qui ont affecté l’accomplissement des missions. En cause notamment, les capacités en vol et la charge d’armement maximale. Malgré une seconde phase d’évaluation plus convaincante, le Gripen n’aurait cependant pas réussi à rattraper les deux autres concurrents. Enfin, le Rafale et l’Eurofighter seraient plus performants que les F/A-18 – qui seraient à terme remplacés par les Gripen – et que les avions suédois.
Un des rapports souligne en outre que le Rafale serait le seul à avoir rempli toutes les exigences de l’armée de l’Air suisse. Loin de la version officielle qui assure que les trois avions auraient satisfait aux critères.
Des oppositions se sont rapidement fait entendre de tous les côtés. Les Verts et le Groupe pour une Suisse sans armée veulent lancer une initiative populaire ou un moratoire au printemps 2012, si le budget et les modalités d’acquisition du programme sont votés par le Conseil fédéral. Des voix discordantes se sont également fait entendre du côté de certains pilotes.
Le véritable contrat entre la Suisse et le constructeur suédois ne sera pas signé avant au moins un an, car le gouvernement helvétique doit encore trouver le budget pour payer les avions. Les modalités précises de l’acquisition des avions doivent maintenant être examinées par le département de la défense, à la fois avec le gouvernement suédois, mais également avec le conseil fédéral. La proposition passera ensuite vers la mi-2012 devant le Parlement, qui avalisera le programme d’armement.