Et si le moyen de faire bouger les politiques européens était de lever la tête et montrer les muscles. C’est ce que Carsten Spohr a voulu faire passer comme message lors du sommet annuel de l’association Airlines for Europe (A4E) à Bruxelles la semaine dernière. « A4E n’est là juste pour se plaindre. Nous sommes aussi ici pour montrer la force de l’aviation européenne, qui d’ailleurs ne serait pas la même sans les actions de la Commission européenne », a plaidé le président du groupe Lufthansa.
A4E dénonce souvent l’immobilisme des institutions et des gouvernements, réclame aussi davantage d’actions. Pour développer l’industrie du carburant durable d’aviation, pour mettre en place le ciel unique européen, pour réformer le règlement EU261 sur les compensations en cas de retard et d’annulation… Des sujets qui reviennent tous les ans, qui sont soulevés par tous les acteurs – même en-dehors du lobby – et qui restent lettre morte. La question a plusieurs fois été posée durant le sommet : cela fait des années que des réformes sont réclamées auprès de l’Europe et que rien ne se passe, à quoi sert-il de se plaindre encore et encore, et comment faire en sorte que des mesures finissent par être prises ?
La solution, c’est peut-être justement de relever la tête. C’est en tout cas la conviction des PDG de Lufthansa, Ryanair et easyJet. Ils le reconnaissent tous : l’aviation européenne est capable de rivaliser avec celle de toutes les autres régions du monde, et, après le choc de la crise, les marges et les capacités d’investissement sont inégalées. L’industrie peut être fière et montrer sa force, plutôt que de « se cacher sous le tapis ».
Carsten Spohr en est convaincu, les Européens veulent travailler pour des « winners », voler avec des « winners », et faire de la politique pour des « winners ». C’est humain. Ils écouteront bien plus attentivement une industrie qui s’impose comme une référence dans le monde, s’assume et met ses forces en avant, qu’une industrie qui ne prend la parole que pour se plaindre ou exprimer des remarques négatives, mettre en avant un manque de soutien. Elle-même y gagnerait en énergie et en motivation, et pourrait porter plus haut les messages positifs qu’elle essaie déjà de faire passer, sur la valeur qu’elle crée grâce à la connectivité ou les efforts qu’elle engage dans sa décarbonation.
