Après avoir été surtout celui des retrouvailles l’année dernière, le salon MRO Europe qui se tient à Londres sera cette fois marquée par le retour d’intenses négociations contractuelles entre les différents acteurs des services et leurs clients, aussi bien les compagnies aériennes que les loueurs.
Car le trafic aérien est remonté en force ces derniers mois et le secteur MRO européen retrouve enfin une certaine visibilité sur ses nombreuses activités, même si il faudra encore sans doute un à deux ans encore pour retrouver les niveaux de 2019, en particulier sur les moteurs et les grands chantiers de modification cabine.
La maintenance des moteurs, l’activité la plus génératrice de valeurs du secteur (un tiers des dépenses totales en 2019 à 32 milliards de dollars, réduites de plus de 30% en 2020 et 2021), souffre encore par exemple de la combinaison des reports de visites en ateliers et de l’arrivée en nombre des plateformes de nouvelle génération durant ces dernières années, les « Quick Turns » n’apportant évidemment pas le même volume d’activité qu’une deuxième ou une troisième « shop visit » traditionnelle . Mais fort heureusement pour les ateliers, les « green time » s’effritent et les heures de fonctionnement s’accumulent, laissant déjà entrevoir une certaine frénésie au niveau de l’organisation des ateliers de maintenance d’ici deux ans, en particulier pour les monocouloirs.
De bonnes nouvelles sont aussi venues du secteur de la maintenance cellules ces derniers mois, alors que cette saison hiver, traditionnellement forte en Europe, commence dans les toutes prochaines semaines. La remise en service progressive des flottes A380 de British Airways et de Lufthansa par exemple, la réactivation de certains gros-porteurs immobilisés depuis la crise liée à la pandémie de façon plus générale, voire même avant, pour voler vers de nouveaux horizons sont autant de signaux positifs pour le secteur.
Une activité particulièrement soutenue actuellement est d’ailleurs celle des transitions d’appareils entre opérateurs, avec tout le suivi de navigabilité associée. Les loueurs devraient d’ailleurs battre des records cette année, dopés par le retour du renouvellement des flottes, le lancement de nouveaux opérateurs, la poursuite de l’essor des conversions P2F par exemple.
Autre activité particulièrement prometteuse, celle des « mods & upgrades », principalement générée par les avionneurs, les motoristes et les équipementiers, avec d’importants bénéfices opérationnels à attendre sur les flottes des opérateurs en termes d’efficacité de consommation en carburant et donc d’émissions associées. La montée en puissance des outils d’analyses des données de vol par des algorithmes prédictifs pour réduire le coût des opérations de maintenance non planifiées est aussi toujours d’actualité chez les principaux OEM et « Airline MRO », avec par exemple le lancement de la nouvelle solution Insight Accelerator (IA) de Boeing qui semble déjà vouloir chasser sur les platebandes de la plateforme Skywise d’Airbus.
Mais en retrouvant de la visibilité, le secteur MRO retrouve aussi l’un de ses principaux défis pour l’avenir : se préparer à attirer, à former et à embaucher une nouvelle génération d’ingénieurs et de techniciens pour assurer le soutien de la flotte d’avions commerciaux pour les prochaines décennies. Selon les dernières prévisions d’Airbus concernant les services (Global Services Forecast 2022-2041), l’Europe à elle seule aura besoin de recruter plus de 100 000 nouvelles personnes dans les 20 ans pour répondre à ses besoins, sans parler du remplacement d’un certain nombre des spécialistes actuellement en fin de carrière. Et l’avenir du transport aérien européen en dépendra logiquement en grande partie.
