La livraison du premier A350-900ULR de Singapore Airlines marque une étape importante pour Airbus, qui revient ainsi sur le marché de l’ultra-long-courrier, un petit segment de marché qui fut, rappelons-le, grandement impacté par l’explosion durable du cours du carburant sur la période 2011-2014.
Mais voilà, les progrès apportés par l’A350-900ULR par rapport à l’A340-500 ont été vertigineux en seulement quinze ans, non pas en termes de rayon d’action, mais en termes de consommation de carburant. À titre d’exemple, pour la seule rotation quotidienne Singapour-New York, qui redeviendra la ligne commerciale la plus longue au monde le 11 octobre prochain, la compagnie peut déjà compter sur un gain de l’ordre de 20 millions de dollars sur sa facture carburant annuelle*, de quoi rendre définitivement viable ce type d’initiative.
C’est d’ailleurs ce que pense aussi la compagnie australienne Qantas, qui rêve de rendre sans escale l’axe principal de la Kangaroo route, à savoir la relation Londres-Sydney. Le projet « Sunrise », si cher à Alan Joyce, va sérieusement occuper les équipes commerciales d’Airbus et de Boeing dans les tout prochains mois, Qantas espérant pouvoir trancher entre de possibles nouvelles variantes de l’A350-1000 et du 777-8 l’année prochaine afin de lancer ses vols en 2022.
Sur le papier, les besoins ne concernent qu’une poignée d’appareils, sauf si Qantas pousse aussi ses pions pour créer une ligne sans escale vers New York. Mais Qantas c’est aussi une dizaine de Boeing 747-400 et -400ER qui devront être remplacés à partir du début de la prochaine décennie.
En fait, on l’aura compris, le projet Sunrise c’est bien plus que la ligne de tous les records avec ses 21 heures de vol sans escale. C’est sans doute l’armature de la flotte long-courrier de Qantas, et très probablement aussi l’exemple à suivre pour beaucoup de compagnies indécises quant au remplacement de leurs 777-300ER. Le projet Sunrise ne sera donc pas qu’un symbole.
(*) Sur un cours moyen estimé à 700 dollars la tonne.
