C’est peut-être le début d’un bond en avant dans la carrière commerciale de l’A380 d’Airbus en Chine. La récente visite officielle de Bruno Le Maire à Pékin dans le cadre du dialogue économique et financier annuel entre les deux pays s’est conclue par une déclaration conjointe mentionnant la poursuite de la coopération et des discussions commerciales sur les appareils Airbus, et en particulier pour l’A380.
Le super jumbo européen est ainsi évoqué pour la toute première fois dans un tel document, le ministre français de l’Économie ne manquant pas de se réjouir du fait « que le modèle A380, particulièrement adapté au marché chinois, figure maintenant dans le cadre de cette coopération ».
Car nous le savons, les opérations des compagnies chinoises n’ont jamais été soumises à autant de défis quotidiens, que ce soit par les retards liés à la saturation des principaux aéroports à Pékin et Shanghaï, par la congestion d’un certain nombre de couloirs aériens ou par la très forte demande en pilotes de ligne qui s’accroît, mois après mois, et qui surpasse aujourd’hui les capacités des douze centres de formation du pays. Et ce n’est évidemment que le début, l’Empire du Milieu devant déjà faire croître sa flotte de plus de 2500 appareils supplémentaires au cours des dix prochaines années pour pouvoir répondre à la croissance vertigineuse de son trafic, le double des besoins en nouveaux avions attendus par l’Amérique du Nord.
En toute logique, le nombre de lignes aériennes pouvant justifier l’utilisation d’un VLA* ne cesse ainsi d’augmenter. Les besoins ont d’ailleurs été quantifiés au mois de septembre par Eric Chen, le patron des opérations d’Airbus en Chine, à un minimum de soixante A380 d’ici cinq à sept ans.
Fait particulièrement étonnant, seuls 12 appareils de très grande capacité sont à ce jour en service chez deux opérateurs chinois, dont les cinq A380 de la compagnie cantonaise China Southern qui assurent régulièrement des rotations vers Pékin, Los Angeles et Sydney. Il y eu certes aussi cette commande de Hong Kong Airlines (HNA Group) pour 10 exemplaires, un contrat dont les appareils figurent d’ailleurs toujours au carnet de commandes de l’avionneur européen, mais dont le sort fût sans doute irrémédiablement condamné par la mise en place unilatérale, et tant décriée, des quotas d’émissions de CO2 de l’Union européenne.
Reste maintenant à imaginer le scénario qui permettrait de concrétiser une nouvelle vente d’A380 en Chine. Mais une chose est sûre, le volet aéronautique de la prochaine visite d’État du président Emmanuel Macron prévue dès le début de l’année prochaine sera à suivre de très près.
(*) VLA : Very Large Aircraft

