La 17ème édition du salon MRO Asia-Pacific ouvre ses portes le 1er novembre à Singapour. Plus que jamais, celui-ci sera marqué par la forte croissance annoncée du transport aérien dans la région, portée par une classe moyenne de plus en plus nombreuse et désormais accélérée par les accords de libéralisation du ciel de l’ASEAN.
La mise en service aujourd’hui du nouveau Terminal 4 de l’aéroport de Changi en est une belle illustration qui sera bientôt suivie par d’autres grands programmes d’envergure : la finalisation du terminal 2 d’Incheon, le nouvel aéroport de Pékin (Daxin) et de Chengdu (Tianfu), la deuxième tranche de Bangkok Suvarnabhumi, le Terminal 5 de Changi…
Le secteur de la MRO progresse quant à lui même plus vite que la croissance de la flotte de la région, la proportion d’appareils de forte capacité étant plus importante qu’en Europe ou en Amérique du Nord. Ainsi, selon le cabinet ICF, si la croissance de la flotte d’avions commerciaux devrait afficher une belle progression annuelle de 3,2% pour les 10 prochaines années, les dépenses en MRO nécessaires devraient allégrement augmenter en moyenne de plus de 5,6% par an sur la même période, dépassant ainsi les 36 milliards de dollars en 2026.
Pour avoir une bonne idée de ce que cela représente, dans seulement 10 ans, l’Asie-Pacifique devra simplement dépenser le double de ce que dépense aujourd’hui l’Amérique du Nord pour ses besoins en MRO.
Evidemment, ces perspectives vertigineuses aiguisent les appétits, en particulier ceux des deux grands avionneurs mondiaux, Airbus et Boeing, qui ne cessent d’étendre leur voilure dans la région. Citons par exemple le récent rachat de la totalité de Sepang Aircraft Engineering par Airbus ou la création de Boeing Asia Pacific Aviation Services il y a deux ans à Singapour, en partenariat avec SIA Engineering.
Car il est clair que l’équilibre des acteurs traditionnels de la maintenance en Asie est en train d’être déstabilisé par l’arrivée d’une multitude de nouveaux entrants sur le marché, alors qu’historiquement ces acteurs étaient souvent liés à une compagnie aérienne traditionnelle, elle-même victime d’une compétition intense aujourd’hui, notamment de la part des low-cost. Citons aussi l’émergence de clusters dédiés dans de nombreux pays, souvent accompagné d’ailleurs d’une volonté politique, comme en Thaïlande, en Malaisie, en Indonésie, aux Philippines et au Vietnam.
Pour résumer la situation, Chye Kiant Ang, EVP Aircraft Maintenance & Modification du groupe singapourien ST Aerospace n’a pas mâché ses mots lors d’une conférence organisée en marge de MRO Asia-Pacific aujourd’hui à Singapour. Selon lui, beaucoup d’acteurs vont tout simplement être amenés à disparaître dans les prochaines années, n’entrevoyant la possibilité d’une coexistence que pour huit ou neuf grands acteurs dans la région, Chine comprise. Il avertit aussi qu’il ne suffit plus d’avoir une longue piste et une main d’oeuvre pas cher pour réussir, un message à peine voilé aux futurs centres MRO voulant venir concurrencer Singapour, et ses coûts de plus en plus élevés, dans les prochaines années. Chaude ambiance dans la maintenance…

