Avec un chiffre d’affaires franchissant pour la première fois la barre des 60 milliards d’euros, l’industrie aéronautique française a battu un nouveau record en 2016, selon le bilan annuel du GIFAS présenté la semaine dernière par son Président Marwan Lahoud.
Bien sûr, le secteur reste globalement largement redevable des montées en cadences des programmes d’avions commerciaux, Airbus en tête, malgré les crises que traversent simultanément les activités liées à l’aviation d’affaires et aux hélicoptères civils à forte valeur depuis quelques années. Mais les différents contrats à l’exportation du chasseur Rafale vont désormais aussi avoir un impact concret sur la filière jusqu’à la fin de la décennie, la défense pouvant aussi redevenir un important moteur de croissance l’industrie.
Tout n’est cependant pas au beau fixe et l’industrie française va devoir s’adapter aux nouvelles réalités du moment pour pouvoir demeurer compétitive dans un marché de plus en plus concurrentiel, dans un contexte où les programmes entièrement nouveaux vont se faire particulièrement rares jusqu’au milieu de la prochaine décennie, au plus tôt.
Les nouvelles tendances comme la digitalisation, la réalité augmentée, le big data, l’intelligence artificielle, la robotisation et la fabrication additive ne sont pas seulement « à la mode ». Elles sont autant de moyens qui permettront réellement de maintenir la compétitivité de la filière, du donneur d’ordre jusqu’au fournisseur de rang n, de la production jusqu’à l’ensemble de la vie opérationnelle du programme. Les gains attendus peuvent atteindre les 10 a 15%, parfois plus. S’agira-t-il de la « troisième révolution aéronautique », comme la définit la semaine dernière Tom Enders, le charismatique patron du groupe européen Airbus ?
Quoi qu’il en soit, l’industrie aéronautique française a déjà entamé sa mutation et devrait être complètement transformée d’ici une dizaine d’années, accompagnée par des initiatives plus transverses comme La Fabrique de l’Avenir lancée récemment par les fédérations industrielles françaises. C’est de toutes les façons un phénomène mondial, qui concerne bien plus largement toute l’économie.
C’est finalement la définition du progrès.