Ce fut l’un des nombreux thèmes abordés par le PDG de Dassault Aviation Éric Trappier lors de la présentation des résultats annuels de l’avionneur, et pas l’un des moindres. La succession des Atlantique 2 (ATL2) de la Marine nationale, programmée pour la décennie 2030-2040, va bientôt être au coeur de l’actualité aéronautique française.
Car il y a un peu plus d’un an, la DGA avait notifié à Airbus Defence and Space et à Dassault Aviation deux études d’architecture de système de patrouille maritime futur (Patmar) en vue d’un lancement envisagé en 2026. Mais les choses pourraient intervenir bien plus tôt, « avec une décision prévue en 2024 ».
La compétition oppose le futur Falcon 10X de Dassault Aviation et l’Airbus A320neo MPA, très vraisemblablement dans sa version motorisée avec le LEAP-1A de CFM International, participation française oblige. Chacune a évidemment des avantages qui lui sont propres.
Pour le Falcon 10X, on pense évidemment à son très long rayon d’action, à sa vitesse maximale élevée pour rejoindre des zones de patrouilles lointaines, à ses performances à basse vitesse pour assurer sa mission, par exemple pour chercher un sous-marin (car découlant d’un avion d’affaires). Évidemment, l’expérience de Dassault Aviation dans les avions de patrouille maritime depuis des décennies est un véritable plus.
Pour l’A320neo, les avantages tiennent évidemment en sa large cabine, à la fiabilité de la plateforme grâce à son utilisation commerciale éprouvée, voire aux coûts de maintenance pour la partie non militarisée.
D’autres critères seront très vraisemblablement aussi à prendre en compte pour respecter un cahier des charges scrupuleux et critique pour la Marine nationale. Les ATL2 français ont été progressivement portés au standard 6 ces dernières années (les quatre derniers seront modernisés d’ici 2030) et cette remise à niveau sera la dernière. Toute nouvelle capacité devra donc intervenir avec l’arrivée du nouveau Patmar. Or le contexte géopolitique actuel tend plutôt vers la nécessité de renforcer les moyens de détection et de lutte anti-sous-marine.
Mais la prise de décision du futur avion Patmar français ne pourra pas non plus fermer les yeux sur ce qui s’est passé ces dernières années en Allemagne, avec la sélection du Poseidon de Boeing au détriment du projet franco-allemand MAWS (Maritime Airborne Warfare System). Et le moins que l’on puisse dire c’est que les relations franco-allemandes ce sont quelque peu encore dégradées ces derniers jours au sujet de l’Ukraine…