Nous nous en doutions évidemment un peu… Le nouveau Falcon 10X présenté le 6 mai dernier par Dassault Aviation est véritablement un « monstre », tant par ses dimensions que par les performances promises, venant directement s’attaquer aux deux programmes les plus ambitieux jusqu’alors, à savoir le G700 de Gulfstream et les Global 7500/8000 de Bombardier.

Mais avec son nouveau jet d’affaires ultra long-courrier à fuselage large, l’avionneur de Saint-Cloud vient surtout s’imposer sur le marché des avions les plus prestigieux, un segment qui était clairement dominé par Bombardier et Gulfstream depuis une dizaine d’années. Plus luxueux, plus impressionnants, plus rapides et évidemment bien plus rémunérant pour l’ensemble de la chaîne de valeur du secteur (acquisition, maintenance, tarifs d’affrètement…), ces avions sont ceux qui attirent majoritairement les plus fortunés de la planète, et pas nécessairement pour les seules caractéristiques affichées par la machine et pour le confort de la cabine. Ces riches clients veulent ce qui ce fait de mieux, sans compromis, et si possible avant les autres.

Le Falcon 10X va donc permettre à Dassault Aviation de monter encore en gamme et de rivaliser directement avec ses concurrents historiques, en apportant un savoir-faire technologique déjà mondialement reconnu tout en pouvant continuer à s’appuyer sur la renommée du design et du raffinement à la française. Mieux, le marché se développe naturellement, avec un nombre toujours plus important de milliardaires dans le monde, en particulier en Chine et aux États-Unis, même après plus d’une année de pandémie.

La production d’avions d’affaires très haut de gamme s’est d’ailleurs relativement bien maintenue depuis l’apparition de la crise, avec près d’une soixantaine d’avions Global livrés par exemple l’année dernière. Quant au futur G700 de l’avionneur de Savannah, il succède à la famille des G650/650ER qui s’est déjà vendue à plus de 430 exemplaires depuis 9 ans. La gamme Falcon de Dassault est quant à elle plus sévèrement touchée, avec un carnet de commandes qui s’est très fortement érodé ces derniers mois (15 jets d’affaires commandés en 2020), en particulier pour les Falcon 7X/8X.

La réussite commerciale du nouveau Falcon 6X qui entrera sur le marché au second semestre 2022 est donc un élément clé pour relancer l’activité civile de Dassault Aviation. Mais le Falcon 10X a assurément plus d’envergure. Il doit permettre à l’avionneur de redevenir la référence mondiale dans l’aviation d’affaires.