Le mariage de raison entre le Royaume-Uni et l’UE touche à sa fin. Les dernières gesticulations du Premier ministre Boris Johnson n’y changeront sans doute plus grand-chose, à moins d’un véritable revirement chez notre voisin d’outre-Manche qui lui conduirait à tout simplement renier l’inspiration même du Brexit, à savoir l’abandon de son désir de pleine souveraineté.
Car l’Union européenne s’est clairement montrée unie et forte, ce qui était loin d’être gagné d’avance, et les effets économiques liés au rétablissement de barrières douanières et de quotas vis-à-vis du Royaume-Uni ne lui font plus peur, tant les préoccupations sont désormais ailleurs avec l’impact de la pandémie.
Avec 47% de ses exportations et 53% de ses importations venant d’Europe, les Britanniques seront définitivement les seuls grands perdants, conséquence de promesses houleuses et hautement démagogiques des conservateurs depuis déjà plus d’une dizaine d’années.
Mais les gouvernements des vingt-sept États de l’UE n’oublieront pas les très nombreux coups de bluff, ainsi que les coups bas, qui auront été portés contre leurs intérêts jusqu’à la fin, avec cette menace d’envoi de bâtiments et d’hélicoptères de la Royal Navy pour protéger son domaine maritime ou encore ce dernier coup de poignard avec cette annonce d’une levée unilatérale des taxes sur les produits américains obtenues récemment avec l’aval de l’OMC dans le dossier des aides à Boeing.
Airbus ne manquera pas de s’en souvenir aussi en temps voulu.
Quant aux réelles conséquences d’un « no deal » pour les secteurs de l’aéronautique et du transport aérien au sein de l’UE, ils finiront par s’en accommoder, même si cela doit prendre du temps.
Mais la folie du Brexit est indéniablement le fruit amer de nombreux discours politiques simplistes, dénaturant la vérité à des fins électoralistes, et c’est hélas précisément ce qui est en train de se produire aussi sous couvert de bien-pensance sur le climat.
La machine à communication sur l’avion vert a réuni les politiques et les industriels sur des promesses qui restent clairement à démontrer dans le cadre d’une utilisation réelle, et les véritables clients, les opérateurs, sont légitimement dubitatifs face aux concepts présentés au grand public. Le retour à la réalité reviendra heureusement quand il faudra arbitrer sur les vrais investissements de R&D destinés à la succession de la famille A320neo dans moins de 10 ans, un programme qui, à lui seul, viendra soutenir près de la moitié de l’industrie aéronautique européenne pendant des décennies.
