On le sait, la position du motoriste Rolls-Royce est particulièrement délicate depuis le début de la pandémie et les perspectives de reprise concernant le marché des gros-porteurs ne sont clairement pas réjouissantes, avec ces restrictions de voyage qui s’éternisent et les compagnies aériennes qui voient en retour leur situation financière se dégrader de jour en jour.
L’activité dédiée à l’aéronautique civile du fleuron industriel britannique souffre bien sûr de la très nette diminution des premières montes, mais le soutien aux opérateurs, particulièrement lucratif en temps normal, subit évidemment de plein fouet les effets de la baisse du nombre d’heures de vol de la flotte, avec en plus de cela, la multiplication des retraits anticipés, parfois très anticipés, de certains appareils équipés de Trent ou de RB211.
Et pour ne rien arranger, si le Royaume-Uni est déjà officiellement sorti de l’Union européenne, l’accord commercial qui régira les relations entre les deux rives de la Manche reste en devenir, à seulement trois mois de la fin de la période de transition.
Le motoriste a déjà brûlé 3 milliards de livres de trésorerie au premier semestre et les prochains semestres risquent fort d’être à leur image si la situation du transport aérien ne s’améliore pas. Il n’est donc pas étonnant d’apprendre que Rolls-Royce cherche à lever 2,5 milliards de livres supplémentaires afin de rééquilibrer son bilan, malgré les importantes mesures de réductions de coût déjà mises en place, dont la suppression de 17% de ses effectifs, quitte à se tourner vers des fonds souverains comme le Singapourien GIC.
Et même si la place de Rolls-Royce semble bien difficile à appréhender dans les trois concepts d’avions zéro-émission présentés par Airbus dans sa stratégie à long terme, il est clair qu’il n’y aura pas de nouveaux programmes de gros-porteurs chez l’avionneur européen avant très longtemps. L’avenir commercial de ce segment de marché chez Airbus repose finalement comme jamais, sur les épaules du motoriste britannique, sur sa capacité à améliorer ses produits et à en assurer l’après-vente pendant encore au moins deux décennies.
Rolls-Royce est un élément crucial de la chaîne de fournisseurs de l’avionneur européen, un maillon affaibli à longue échéance, et désormais hors de la portée des aides de l’UE. C’est peut-être là aussi le futur talon d’Achille d’Airbus.
