Il faut sortir du Moyen Âge

Romain Guillot
le 05/05/2020 , Transport aérien, Industrie & Technologie
Alors que l'amorce du déconfinement semble se préciser en France pour le 11 mai, force est de constater qu'une grande partie de la population s'angoisse à l'idée de sortir de sa bulle. Bien sûr, l'ennemi invisible est toujours là, peut-être encore jusqu'à ce qu'un vaccin soit disponible, mais la question de savoir si le remède est pire que le mal commence sérieusement à se poser.

Car si nous n'y prenons pas garde et sans vouloir basculer dans la collapsologie, il est clair que l'aversion au risque de nos sociétés modernes pourrait bien directement nous mener à un effondrement pur et simple de notre économie, celle qui fait vivre une immense partie de notre monde, et ce quelque soit les engagements pris par ceux qui nous gouvernent depuis le début de la crise sanitaire.

L'arrêt brutal de nombreux secteurs d'activité par une mesure qui nous vient directement du fin fond du Moyen Âge peut d'ailleurs amener à la réflexion quand on se souvient que l'Homme dominait l'atome et marchait sur la Lune durant le siècle dernier. Les gestes barrières et le port du masque généralisé en milieu professionnel, en milieu confiné, ou même dans l'espace public sont les seules armes à notre disposition, mais elles ont clairement montré leur efficacité dans de nombreux pays.

L'aéronautique dans son ensemble est l'un des secteurs les plus particulièrement impactés et la liste des suppressions d'emplois va nécessairement s'allonger dans les prochaines semaines, dans les prochains mois... Des compagnies aériennes vont disparaître, de nombreux pilotes ne reverront plus jamais un cockpit de leur vie, des industriels sont en danger et menacent la chaîne d'approvisionnement des donneurs d'ordres ; la crise s'étend et les scénarios les plus noirs commencent malheureusement à se matérialiser.

« En moins de 65 jours, nous sommes revenus aux niveaux d'il y a 65 ans » déclarait hier Carsten Spohr, le PDG du groupe Lufthansa, se référant finalement au Moyen Âge du transport aérien mondial. À cette époque, le « Parisien Spécial » d'Air France entre Paris et New York était assuré en Super G, 32 passagers, 14h40 de vol, tout un symbole. Et alors que la révolution digitale devait définitivement bouleverser le monde, les mesures tant attendues de réouverture des frontières pour le redémarrage des déplacements internationaux commencent à s'apparenter, à s'y méprendre, aux anciennes patentes de santé qui ont accompagné la marine marchande durant des siècles d'épidémie de peste.

Les premières bonnes nouvelles viendront peut-être cette fois de l'Asie-Pacifique ou de l'Amérique, mais nous aussi, en Europe, avons une importante responsabilité pour provoquer et accompagner la « Renaissance ». La reprise s'annonce progressive mais elle ne se fera pas toute seule. Il faut sortir du Moyen Âge.

 
 

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