Coronavirus : la somme de toutes les peurs

Romain Guillot
le 18/02/2020 , Transport aérien
Cela ne fait pas encore un mois que l'épidémie de coronavirus touche directement le transport aérien mondial, à commencer par l'ensemble des compagnies aériennes de Chine et plus généralement d'Asie. Bien sûr, les restrictions de voyages et les annulations de vols ont eu un impact direct, mais les peurs pèsent tout aussi lourdement sur les flux de passagers. Même les vols long-courriers à destination de l'Asie affichent assurément des taux de remplissage anormalement bas pour une période qui n'était de toute façon pas vraiment propice à des yields record, à l'exception bien sûr de ceux en provenance d'Australie et de Nouvelle-Zélande.

À la peur d'une infection au Covid-19, à la peur liée à une mise en quarantaine en fonction des évolutions géographiques de l'épidémie, à la peur des annulations de vols, à la peur des pénuries sur place ou tout simplement à la simple crainte de rater son séjour touristique pour cause d'environnement peu propice, s'ajoute aussi désormais la peur d'un ralentissement économique mondial. Et même si ces menaces sont bien réelles, difficile de ne pas y voir aussi une peur qui tient assurément plus du fantasme que du rationnel, et qui se propage bien plus rapidement que l'épidémie elle-même, un phénomène largement catalysé par les chaînes d'infos en continu et par les réseaux sociaux.

Comme l'indiquait il y a quelques jours seulement Andrew Herdman, le président de l'AAPA (Association of Asia Pacific Airlines), les compagnies aériennes de la région vivent clairement une nouvelle période difficile, subissant un véritable « stress » en devant s'adapter extrêmement rapidement à des baisses de flux de passagers. Elles étaient déjà particulièrement malmenées par les effets de la guerre commerciale en vigueur entre les États-Unis et la Chine depuis près de deux ans. Mais les compagnies asiatiques sont tout aussi capables, pour la plupart, de rebondir à nouveau dès que sonnera la fin de l'épidémie.

Évidemment, la crise du coronavirus aura sans doute des répercutions financières sur le transport aérien mondial et beaucoup cherchent à le quantifier, à l'instar de l'OACI qui anticipe déjà une baisse des recettes chez les opérateurs de l'ordre de 4 à 5 milliards de dollars pour le seul premier trimestre. L'IATA vient par ailleurs de publier un graphique qui détaille l'exposition au risque de baisse des recettes en fonction de la région des opérateurs, avec un fort impact potentiel aussi, et c'est logique, pour les compagnies aériennes du Moyen-Orient sur leurs réseaux asiatiques.

Bien malin en revanche celui qui pourra prédire son incidence sur les résultats financiers des compagnies aériennes cette année, même en Asie, tant cela dépendra de la durée de la crise et de sa répercussion réelle sur l'économie mondiale.
 
 

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